AMEDO GENEDANI : Pour le moment, nous sommes bloqués à cause des élections, nous allons devoir attendre la mise en place d’un nouveau gouvernement après les législatives du 4 mars prochain, s’il y a une majorité car sinon ce sera la catastrophe. Ensuite, il est à souhaiter que le prochain ministre, contrairement à l’actuel, Graziano Delrio nommera un sous-secrétaire d’Etat aux Transports. Ce qui n’est pas le cas depuis la démission de la sous-secrétaire d’État Simona Vicari accusée de corruption pour avoir fait passer un amendement sur une baisse du taux de TVA pour les transports maritime en échange d’une montre Rolex. Depuis, nous n’avons pas d’interlocuteur pour faire le lien entre le monde du transport et le ministre que nous avons rencontré deux fois en quatre ans…
A. G. : Un nouvel échec. Le ministère s’est concentré sur les transports maritimes et le rail avec la fameuse cure de la mer et du fer. Les transports sont une sorte de petite Cendrillon, ils ne sont pas importants, cela n’a aucun sens. Nous avions réclamé un dispositif sur le modèle de la réglementation Macron sur le détachement des travailleurs pour protéger le secteur de la longue main des transporteurs de l’Europe de l’Est qui déstabilisent le marché. Cela n’a pas été fait. Nous avions demandé plus de contrôles sur les routes pour bloquer le cabotage illégal. Dans le Piémont par exemple, les transporteurs français sont très présents et pas selon les règles. Nous avions aussi demandé une surveillance plus nette sur les entreprises qui détachent illégalement une partie de leurs travailleurs. Selon la loi, seulement 20 % des travailleurs au maximum peuvent être détachés mais nous savons que certains patrons détachent jusqu’à 80 % de leur masse salariale. Toutes nos requêtes sont restées lettre morte.
A. G. : On peut difficilement trouver des objectifs et des solutions communes quand on est trop de convives autour d’une table. Nous avons trop d’associations pour représenter les transports, nos mains sont liées. Il faudrait tailler dans les branches, ce qui nous permettrait d’être plus concrets, plus unis, mais c’est impossible sans une loi réduisant par exemple la représentativité. C’est un gros problème car nous sommes très mal représentés ou plutôt sponsorisés à Bruxelles. Notre ministre ne s’intéresse pas à nous, notre catégorie est trop éparpillée… Que d’énergies perdues, que d’occasions perdues aussi. La situation pourrait peut-être changer avec l’élection de Marco Digioia au poste de secrétaire général de l’UETR (Union européenne des transporteurs routiers) et de l’Espagnol Julio Villaescusa à celui de président. Deux hommes très au courant de leurs dossiers qui vont monter au créneau lorsqu’il le faudra. La première chose qu’il faudrait réussir à faire passer, ce serait une harmonisation des coûts du travail en Europe, notamment en ce qui concerne les salaires et les cotisations.
A. G. : Réussir au moins à sensibiliser le prochain ministre des Transports et des Infrastructures sur le thème des transports. En finir avec les fausses promesses, rendre leur dignité aux transporteurs qui sont en train de tout perdre. En dix ans, plus de 19 000 PME ont fermé et nombre d’entre elles ont un pied au bord du précipice. Bougeons avant qu’il ne soit trop tard. Plus personne ne veut être chauffeur routier aujourd’hui, n’est-ce pas une preuve que les choses vont mal ?