BENOÎT DALY : Plusieurs services intéressent les transporteurs : l’information en temps réel sur la circulation, les espaces de stationnement, les stations de ravitaillement sur l’ensemble du territoire… Avec cette logique servicielle (parking sécurisé, etc.), qui dit « services supplémentaires », dit « services payants ». Or, les transporteurs ne pourront pas absorber ces nouveaux coûts. Sans parler du prix excessif des dépannages pour lesquels les sociétés d’autoroute imposent leur prestataire aux transporteurs. Enfin, dans la gestion par les concessionnaires des différentes crises (intempéries, Gilets jaunes, etc.), nous déplorons que les transporteurs soient les parents pauvres.
B. D. : Rappelons que le projet d’augmentation doit être, au préalable, présenté au Comité des usagers du réseau routier national – dont fait partie la FNTR. Or, ces informations sont presque toujours publiées avant de consulter cette instance. Nous nous en sommes plaints à de nombreuses reprises à la direction générale des infrastructures, des transports et de la mer (DGITM). Cette fois-ci, la réunion est prévue le 14 février alors même que les augmentations sont déjà arrêtées. Autre point d’achoppement, la formule de revalorisation des tarifs est extrêmement défavorable aux usagers et totalement opaque dans sa conception. De plus, les formules de revalorisation sont encore plus désavantageuses pour les usagers des nouvelles cessions. Ajoutons à cela qu’un certain nombre de communes émettent des interdictions de transit qui, de facto, obligent les transporteurs à utiliser le réseau autoroutier. C’est le cas par exemple en Normandie avec l’autoroute A28. Nous nous méfions aussi des gels de hausse qui restent toujours temporaires et font l’objet de rattrapage ultérieur parfois plus lourds que l’augmentation suspendue. Par ailleurs, nous nous étonnons que la modulation des tarifs de péage en fonction des normes Euro ne s’applique qu’aux autoroutes récentes et non aux infrastructures plus anciennes.
B. D. : Les transporteurs paient déjà l’écotaxe par l’augmentation de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE), soit 4 centimes par litre depuis le 1er janvier 2015. C’est d’ailleurs à ce prix que le gouvernement avait reporté sine die l’écotaxe « portique ». À cet égard, la FNTR rappelle que les transporteurs français contribuent pour près de 5 milliards d’euros par an au financement des infrastructures de transport. Et en matière d’écologie, les 36 000 entreprises du transport routier de marchandises ont engagé depuis déjà plus de vingt ans leur mutation écologique pour une mobilité plus propre. Avec des résultats considérables, par exemple la réduction de 75 % de leurs émissions de particules. Et, avec les programmes Objectifs CO2 et EVE, on économise déjà deux millions de tonnes de gaz à effet de serre (GES). Enfin, depuis des années, l’État recherche un milliard d’euros pour entretenir le réseau national non concédé. C’est exactement le manque à gagner résultant de la mise en concession des autoroutes françaises.