Le ministère des Transports suisse vient de rendre public son rapport sur le trafic des poids lourds à travers la Confédération en 2018. Le volume de marchandises transporté à travers le pays a augmenté l’an passé (39,6 millions de tonnes, soit une hausse de + 2 %), pour un nombre de camions en baisse, grâce au développement du chemin de fer : 19 millions de tonnes de marchandises ont été transportés par rail l’an passé, malgré des problèmes de ponctualité. Au second semestre 2018, seuls 44 % des trains de marchandises sont arrivés à l’heure dans le pays ; 29 % d’entre eux affichaient même un retard de plus de trois heures. En cause : les coupures de voies pour travaux, et une forte pénurie en personnel qualifié et en conducteurs de trains.
L’an passé, 940 000 camions ont traversé la Suisse, soit 33 % de moins qu’en 2000, année d’entrée en vigueur de la réforme de la redevance pour poids lourds, qui pénalise la circulation des véhicules de plus de 40 tonnes. Depuis cette date, la Suisse estime à 700 000 le nombre de camions qui ont renoncé à traverser le pays. En 2018, le nombre de poids lourds ayant traversé la Suisse a proportionnellement davantage reculé (– 1,4 %) que le volume de marchandises transporté par route (– 0,2 %), grâce à une meilleure optimisation des chargements. La baisse a surtout concerné le très fréquenté col du Simplon.
Ces nouveaux chiffres satisfont le gouvernement à Berne, même si la Suisse n’a pas atteint l’objectif qu’elle s’était fixé, de passer sous la barre des 650 000 poids lourds à travers les Alpes. Le ministère des Transports incrimine à ce sujet le manque de sensibilité de ses voisins, tandis que l’Autriche met en avant l’exemple suisse. « On compte trois fois plus de camions sur le seul col du Brenner que pour l’ensemble de la Suisse », déplore la fédération des transports autrichiens VCÖ. L’an passé, 2,5 millions de camions ont emprunté ce col qui relie l’Italie à l’Autriche, soit 180 000 véhicules de plus qu’en 2017. De l’avis du VCÖ, cet écart s’expliquerait par le haut niveau des taxes pesant sur le diesel en Suisse et sur l’intensité des contrôles sur le respect des temps d’arrêt et des limitations de vitesse dans la Confédération. De nombreux chauffeurs préféreraient donc contourner la Suisse par l’Autriche.