« Aux énergéticiens de suivre ! »

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La Ville de Paris est un maillon central de la politique environnementale dans la Région Île-de-France. Christophe Najdovski, maire-adjoint de Paris, revient sur les principaux enjeux liés à la pollution et à la circulation.
La Ville de Paris privilégie-t-elle, en matière de poids lourds, un type d’énergie Si oui, quelles actions prend-elle ou peut-elle prendre en sa faveur ?

CHRISTOPHE NAJDOVSKI : Notre action vise à réduire les émissions polluantes, particules et oxydes d’azote principalement. Les niveaux réglementaires actuels sont systématiquement dépassés. Les niveaux sanitaires, recommandés par l’OMS, le sont encore davantage. Il est difficile d’avoir confiance dans les systèmes de dépollution nécessaires au bon fonctionnement d’un moteur diesel. Personne n’ignore plus les différents scandales qui entourent l’industrie automobile. Nous privilégions donc aujourd’hui des carburants moins émissifs, respectueux de la santé de leurs utilisateurs et des habitants. Nous écoutons les médecins qui nous alertent sur les effets sanitaires de la qualité de l’air que nous respirons. Nous utilisons les outils que l’État met à notre disposition, comme les vignettes Crit’Air, mais ne sommes ni industriels du secteur automobile, ni fournisseurs d’énergie. Les énergies alternatives au diesel à notre disposition sont peu nombreuses aujourd’hui. Nous avons le gaz et l’électricité (sur batterie ou hydrogène). Tant que les industriels ne proposeront rien d’autre, nous concentrons nos efforts sur cette offre énergétique. Nous développons des stations d’avitaillement au gaz dans Paris, deux stations publiques devraient être opérationnelles en 2020. Nous travaillons également sur la mise en place de bornes de recharge électrique, nous mettons à l’étude la question de la recharge en hydrogène. Il faut que les acteurs privés s’emparent du sujet. C’est aussi aux fournisseurs d’énergie d’accompagner la lutte contre la pollution et de proposer les énergies de demain. Nous avons mis en place un ensemble d’aides économiques à destination des entreprises de Paris et de la petite couronne, qui permettent aux entreprises de moins de 50 salariés de bénéficier d’une aide au renouvellement de leurs véhicules, si elles achètent des véhicules au gaz ou à l’électricité. Chacune peut bénéficier de cinq aides par an pour acheter soit un VUL, avec 6 000 euros d’aide, soit un poids lourd, avec 9 000 euros par véhicule. Des primes s’ajoutent si les véhicules sont silencieux (norme Piek), l’aide pouvant atteindre 15 000 euros pour un poids lourd.

Les transporteurs rencontrent des difficultés en région parisienne pour s’approvisionner en GNV. Comment la Ville de Paris peut contribuer à une diminution de ces difficultés ?

C.N. : Nous sommes confrontés aux mêmes difficultés que les transporteurs. Nous avons une flotte de véhicules importante fonctionnant au gaz ou à l’électricité. Le plus gros parc de véhicules au gaz est celui des bennes qui collectent les ordures ménagères dans Paris. Les exploitants de flottes privées ont également leurs stations de recharge privées. Il faut que ces stations soient ouvertes à tous. C’est le sens de ce que nous faisons à Paris, c’est aussi l’action menée par le Sigeif (Syndicat intercommunal pour le gaz et l’électricité en Île-de-France), qui construit sur les grands centres logistiques des stations d’avitaillement ouvertes à tous. Il y a plusieurs projets en Île-de-France, et beaucoup de demandes d’exploitants de flottes. Aux énergéticiens de suivre !

Les difficultés de circulation dans Paris sont évoquées par les transporteurs. Une stratégie autour du dernier kilomètre peut-elle être une partie de la réponse à la difficulté ? Si oui, quelle est la politique de la Ville de Paris en la matière ?

C.N. : Depuis de nombreuses années, nous travaillons avec les acteurs de la logistique, au sein de la concertation logistique urbaine, pour trouver des solutions. Notre plan local d’urbanisme favorise l’essor de plateformes logistiques comme celle inaugurée à Chapelle International, et rend aussi obligatoire la mise en place de petits espaces de groupage-dégroupage sur 70 parcelles parisiennes. Nous proposons du foncier parisien via des appels à projet, des espaces dans les parkings. Le temps des projets urbains est malheureusement assez lent, il faut s’adapter à cette contrainte. Nous testons des solutions de « foncier temporaire et mobile » avec, par exemple, des remorques stationnées la journée dans Paris à partir desquelles il est possible de livrer à pied ou en vélo. Prochainement, nous aurons un bateau entrepôt mobile qui parcourra la Seine pour livrer des colis dans Paris, ainsi que 9 000 aires de livraison dans Paris. Un investissement est d’ailleurs prévu dans un réseau de capteurs indiquant en temps réel l’occupation des aires. C’est un financement conséquent au service des transporteurs que nous allons développer dans un arrondissement test, et que nous déploierons si le test s’avère concluant.

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