Les femmes ne représentent aujourd’hui que 2 % des conducteurs dans le TRM. « Certains postes attirent davantage les femmes dans le secteur, comme le packaging ou l’exploitation, souligne Maxime Dumont, vice-président de la CFTC, lors d’une table ronde organisée par la CFTC Transports, le 16 janvier. La conduite reste considérée comme un métier d’homme, avec des contraintes physiques, des horaires compliqués… Souvent, elles n’ont pas été informées sur les progrès ». Cependant, toutes activités du transport confondues, les femmes ne représentent que 9 % des effectifs selon le rapport 2017 de l’Observatoire prospectif des métiers et des qualifications dans les transports et la logistique. Les femmes semblent ne pas non plus considérer la possibilité de travailler dans le secteur. « La représentation du métier avec des images d’hommes ne favorise pas les vocations féminines », déplore Caroline Plesnage, directrice régionale déléguée aux droits des femmes et à l’égalité de la région Hauts-de-France, précisant que les annonces d’emploi sont souvent rédigées au genre masculin, notamment pour les conducteurs. « Par une communication qui les inclurait, des femmes pourraient être tentées de rejoindre le secteur », approuve Maxime Dumont. Pour Michel Chalot, qui emploie 68 conducteurs dont 5 femmes au sein des Transports Chalot (67), le principal frein à la féminisation du métier s’avère en réalité de trouver les candidates. « Très peu se présentent, indique-t-il. Nous nous rendons compte que les préjugés subsistent mais pas uniquement du côté des hommes. Il faudrait faire évoluer les mentalités. Lorsque des candidats et des candidates se présentent, l’employeur qui cherche à savoir ce qui les intéresse fera en sorte que le métier plaise aux hommes et aux femmes ». Pour évoluer, trois groupes de personnes doivent être sensibilisés, souligne Caroline Plesnage. Les femmes pour commencer, en leur montrant que les métiers du transport sont ouverts à la gent féminine, que les matériaux et la technologie leur sont accessibles ; les services des ressources humaines qui, même s’ils regroupent beaucoup de femmes, n’embauchent pas nécessairement des femmes ; et les chefs d’entreprise.
Les causes du manque d’attractivité du métier pour les femmes pourraient finalement être les mêmes que celles de l’attractivité du métier en général. « Quand on embauche des femmes, l’entreprise s’interroge davantage sur les conditions de travail », souligne Caroline Plesnage. Cette démarche peut ainsi s’avérer positive pour l’entreprise qui cherche des candidats car elle deviendrait ainsi plus attractive également pour les hommes. D’autant que les critères souvent recherchés par les femmes, tels les horaires stables, sont aussi de plus en plus plébiscités par les hommes, soutient Maxime Dumont. Pour démarrer une telle démarche, mettre en place une responsabilité sociétale des entreprises (RSE) peut s’avérer utile car elle améliorera déjà en partie l’image d’une entreprise : « l’un ne va pas sans l’autre, souligne Michel Chalot. On se rend compte qu’attirer des candidats dans l’entreprise en cherchant à embaucher des femmes ne peut pas se faire sans une RSE ».