Sans prétendre à la massification, la jeune société nantaise Neoline entend offrir des capacités nouvelles pour des flux industriels et des besoins d’acheminements transatlantiques sans rupture de charge entre des territoires peu ou mal reliés.
« Les chargeurs avec lesquels nous avons signé jusqu’à présent restent des industriels. Ils adoptent nos solutions parce qu’elles sont économiquement intéressantes », introduit Jean Zanuttini, directeur général de Neoline, à l’occasion d’une table ronde dans le cadre de la SITL le 27 mars. Et non pas au nom de la seule comptabilité carbone, finirait-il sa phrase. « C’est aussi un choix compétitif », insiste-t-il.
Après avoir convaincu Renault en novembre dernier, la jeune société fondée en octobre 2015 par des professionnels de la marine marchande vient d’emporter la décision de deux autres chargeurs emblématiques de la côte atlantique: le fabricant d’engins de levage Manitou et le constructeur vendéen de bateaux de plaisance Bénéteau.
La société porte le projet de développer un service « qui n’existe pas aujourd’hui, en dehors des lignes régulières » pour du fret lourd, roulant, hors gabarit, avec des cargos à voile d’un port en lourd de 6 000 t. « Ils ont été pensés initialement comme des rouliers, avec un chargement à l’horizontal, une rampe à l’arrière et trois zones de chargement, dont deux grands ponts rouliers avec un total de 1 300 m linéaires ».
La société va amorcer avec des pilotes de 136 m (un tirant d’eau de 5,5 m au port et de 14 m au large) et une ligne entre Nantes Saint-Nazaire et la côte Est américaine (Nazaire, Bilbao, Charleston, Baltimore, Saint-Pierre et Miquelon), à raison d’un départ toutes les deux semaines. Mais l’idée est ensuite de « déployer à d’autres segments de trafics. On n’ira toutefois jamais sur des navires de 300 à 350 m de long. On sait que le dimensionnement à 200-210 m est encore à la portée de la propulsion vélique ». Partisan du slow steaming (le tendance actuelle dans le shipping tombe à pic), promettant un transit-time conforme aux standards logistiques, les cargos à voile pourront atteindre une vitesse commerciale de 11 nœuds.
Neoline a lancé, en septembre dernier, un appel d’offres pour la construction de deux premiers cargos. L’entreprise est actuellement en finalisation avec les chantiers navals mais ambitionne de passer la commande du premier en septembre pour une mise en service à partir de 2021.
Quant aux industriels qui viennent de rejoindre l’aventure, tous deux réalisent une part importante de leur activité sur le marché nord-américain. Bénéteau exporte près de 80 % des bateaux construits en Europe et le marché nord-américain représente 30 % de ses ventes. Manitou expédie près de 1 000 engins Outre-Atlantique. « Nous avons ajusté la hauteur de la porte à 9,80 m de façon à pouvoir transporter tous les éléments de Bénéteau. Il y un enjeu fort pour le groupe d’avoir un chargement au plus près de ses chantiers. Manitou a un entrepôt à Baltimore et notre modèle est en adéquation avec ces flux », commente Jean Zanuttini.
Le vent étant une énergie gratuite, les chargeurs pourront, quelles que soient leurs réticences, au moins compter sur un taux de fret stable, sans surfacturation BAF…