Depuis mercredi matin se déroule à Marseille-Fos une nouvelle opération "ports morts". Le port est encore une fois l’otage de la Fédération nationale des ports et docks, qui entend maintenir la pression sur le gouvernement jusqu’à l’examen du projet de réforme des retraites, ce vendredi, par le Conseil des ministres. La FNPD annonce également des actions coup de poing demain sur les terminaux pétroliers.
Dockers et agents du port CGT font la sourde oreille à l’appel à la raison, lancé la veille par Jean-Luc Chauvin, président de la Chambre de commerce et d’industrie Marseille-Provence, de faire grève durant un shift au lieu de trois afin de ne pas totalement pénaliser l’activité.
41 M€ de surcoût pour les chargeurs
Lors des vœux à la presse, le président de l’institution consulaire – ancien président de l’UPE, qui s’était illustré en 2011 en lançant la campagne "The best job in the world" à l’encontre de la CGT dockers en révélant leurs salaires – est monté au créneau en présentant le 21 janvier le bilan des pertes essuyées par les professionnels depuis bientôt deux mois. L’Union maritime et fluviale de Marseille-Fos (UMF) avait chiffré ces pertes depuis le début du conflit.
"En décembre, l’activité conteneurs a chuté de 21,5 % à l’import et de 25 % à l’export. Et janvier est un très mauvais mois. Sans l’impact des gilets jaunes de 2019, la perte serait de 33 % en janvier. L’impact économique s’élève à 100 M€, dont 33 M€ de pertes de chiffre d’affaires pour les entreprises dans l’incapacité d’importer ou exporter leurs marchandises et 41 M€ de surcoût pour les chargeurs, se désole Jean-Luc Chauvin. Les entreprises possèdent des stocks de marchandises, de matières premières. 12 escales de paquebots ont été annulées, entraînant la perte de 8 800 croisiéristes en tête de ligne et 39 900 en transit. Dans le secteur de la réparation navale, deux arrêts techniques ont été fortement perturbés".
Réunion et cellule de crise vendredi chez le préfet
Au même moment, hier, se tenait une réunion ministérielle à Paris avec les acteurs de la filière transport et logistique. Au terme d’une heure d’exposé par les professionnels français des dégâts sur l’ensemble de la filière, des pertes de trafics, le directeur de la DGITM, Marc Papinutti, aurait répondu que "le transport maritime saura rebondir", n’apportant ainsi aucune aide spécifique, au grand dam des participants.
Localement, pour aider les entreprises dont certaines ont vu leur chiffre d’affaires fondre de 67 % et qui sont contraintes de mettre du personnel au chômage technique, une cellule de crise a été instaurée le 17 janvier par la Préfecture avec le soutien de la Dirrecte et de l’Urssaf. C’est le cas notamment du service de pilotage des navires, qui enregistre 10 % d’heures chômées en raison de la chute du nombre d’escales.
Le préfet des Bouches-du-Rhône tiendra une réunion de crise ce vendredi 24 janvier, à 17 h 30, avec l’ensemble des filières de transport et de logistique. "Le blocage actuel du port, de ses entreprises et donc de ses employés, est aussi incompréhensible que l’inaction de l’État à rétablir son bon fonctionnement. On ne peut pas continuer à jouer comme cela avec l’outil de travail de centaines d’entreprises et donc de fait avec l’emploi de milliers de personnes", a regretté ce matin Philippe Korcia, président de l’Union pour les Entreprises des Bouches-du-Rhône, qui compte l’UMF parmi ses adhérents.