33,5 millions de tonnes traitées au premier semestre 2020. La perte de près de 6 millions de tonnes, comparée aux six premiers mois de 2019, n’est que le baromètre d’une économie mondiale mise à terre par le coronavirus. Les mesures de confinement, de fermeture des frontières ont eu un impact retentissant sur le transport de passagers (- 76 %) et le fret (- 15 %), notamment la sidérurgie, la filière automobile, les marchandises diverses et les hydrocarbures. Si le déconfinement s’accompagne d’une amorce de reprise en ce début d’été, ces six mois de crise vont ternir les résultats du port de Marseille-Fos en 2020. "Même s’il est difficile de faire des prévisions, nous anticipons une baisse de chiffre d’affaires de 20 %, avec un manque à gagner de 35 M€", a annoncé, le 9 juillet, Hervé Martel, directeur du port de Marseille-Fos, qui présentait le bilan d’activité semestriel.
Reprise des chantiers
En dépit des incertitudes, de la menace d’une deuxième vague épidémique, le Conseil de surveillance du port de Marseille-Fos a décidé de maintenir un haut niveau d’investissements en 2020, ramené tout de même de 70 M€ à 57 M€ afin de contribuer à la relance économique du territoire. "Les chantiers redémarrent", assure Hervé Martel, qui annonce la poursuite des travaux de la rotule à Fos pour relier les terminaux conteneurs de Seayard et Eurofos en construisant un nouveau quai de 240 m de long. Toujours à Fos, le port investira en priorité dans l’amélioration des installations ferroviaires bord à quai, ce qui permettra aux deux opérateurs d’investir chacun dans un portique ferroviaire à horizon 2023/ 2024.
Parier sur la valorisation du foncier
A Marseille, ce sont les travaux de la nouvelle gare maritime du Cap Janet et l’aménagement d’une station d’atterrage des câbles sous-marins qui mobilise les deniers du port. La crise sanitaire a pour effet d’accélérer le virage amorcé dans la transition écologique et numérique prise par le GPMM dans le prochain projet stratégique 2020-2024 qui sera rendu public en fin d’année. "Davantage de report modal vers le fer et le fleuve, nous amplifions le mouvement. Peut-être allons-nous revoir la trajectoire financière. Il va falloir que l’on soit agile", annonce Hervé Martel.
"Un vision d'aménageur"
Et en matière d’agilité, le GPMM accélère les gestes commerciaux à l’adresse des clients du port, multipliant les ristournes sur le stationnement à quai des conteneurs, le tarif journalier des paquebots, des droits de port réduits également pour préserver le peu d’activité ro-ro, ferries et séduire les armateurs effectuant du transbordement.
Hervé Martel, qui défend l’idée du port entrepreneur et l’agilité qui en découle, entend valoriser davantage le domaine public maritime qui s’étend sur 10 400 ha. "Il faut avoir une vision d’aménageur, nous allons imaginer des structures juridiques pour investir dans des sociétés et monter des partenariats. L’argent est bon marché en ce moment", assure Hervé Martel. Le modèle de filiale type Fluxel, gestionnaire des terminaux pétroliers qui encaisse sans mot dire les pertes liées à l’hémorragie des hydrocarbures, semble donc bel et bien révolu. Sa stratégie ? Investir dans l’immobilier de bureau, les énergies renouvelables.