Sans surprise, depuis sa prise de fonction à la présidence du directoire du port de Marseille-Fos, Hervé Martel enchaîne les journées marathon. "Je rencontre les élus, les acteurs économiques, les collaborateurs du port, les professionnels", explique le successeur de Christine Cabau-Woerhel. Entre deux rendez-vous, il a reçu la presse durant près de deux heures pour une première prise de contact musclée et conviviale. Après avoir retracé son parcours dans les ports métropolitains et d’outre-mer, évoqué son passage au cabinet d’Alain Juppé en 2007 au moment de la réforme des ports puis de la privatisation de la SNCM, il a expliqué pourquoi il avait mis le cap au Sud. "Après avoir dirigé les ports de l’axe Seine, il fallait changer. Il y avait une vraie logique à venir à Marseille et l’idée de vivre ici ne me déplaît pas. Après avoir souffert d’une mauvaise réputation, notamment à l’international, l’image de Marseille a changé en 2012, les trafics se développent et la situation financière est bonne, ce qui permet d’envisager de nouveaux projets", explique Hervé Martel.
La stratégie MedLink Ports
L’artisan de la coordination interportuaire de l’axe Seine, interrogé sur le projet de GIE dans le sud, a évoqué la coopération déjà engagée sur l’axe Rhône-Saône au sein de MedLink Ports. Une association qui compte parmi ses membres le port de Sète, rejoint depuis mars 2019 par Toulon et SNCF Réseau. "Mon sujet n’est pas le GIE mais plutôt celui de la collaboration. Une stratégie nationale portuaire est en cours d’élaboration par Élisabeth Borne et son ministère qui s’appuie sur la complémentarité des deux ports. Si j’arrive du Havre, c’est pour renforcer la logique de la collaboration. Certaines choses fonctionnent mieux à Marseille qu’au Havre et inversement", affirme Hervé Martel, citant l’exemple du courant de quai déployé par la Méridionale et de l’installation d’un filtre à particules sur le Piana. Questionné sur les infrastructures, il cite deux "enjeux stratégiques", à savoir le contournement Est de Lyon et la nécessité d’améliorer les accès routiers à Fos.
Avitaillement au GNL : "Nous serons prêts en 2021"
L’environnement, la transition énergétique font partie des dossiers en haut de la pile du nouveau directeur de port et figureront en bonne place au projet stratégique en cours d’élaboration. Dans la continuité de Christine Cabau-Woerhel, il entend placer Marseille-Fos sur la carte en Méditerranée des ports d’avitaillement au GNL. "Nous serons prêts en 2021 à l’arrivée des nouveaux navires de CMA CGM. S’agissant de l’environnement, les deux bassins font face à des problématiques différentes", affirme-t-il tout en évoquant la préservation de la biodiversité dans les bassins ouest et la qualité de l’air à Marseille.
GPMM et Euroméditerranée dans le même bateau
Interrogé sur l’aménagement du territoire et les bisbilles entre le GPMM, Euroméditerranée et les collectivités, Hervé Martel se présente comme un homme de consensus. "J’ai rencontré Hugues Parant (directeur général d’Euroméditerranée, ndlr), nous sommes sous la tutelle du même ministre d’État et nous avons des choses à faire ensemble en matière d’aménagement", affirme-t-il. Le président de l’Union des ports de France souhaite conserver son mandat, même si son nouveau job à Marseille lui semble chronophage.