Encore quelques rares remorques jaunes “Tur Transit” circulent sur l’autoroute A 50. Dimanche 29 septembre, c'était la dernière escale à Brégaillon de la ligne UN Ro-Ro reliant Toulon à Pendik. L’armateur DFDS, propriétaire de la compagnie, ayant décidé de transférer la totalité de son activité à Sète où elle bénéficie de la présence d’un terminal ferroviaire. Un coup dur pour le port du Var, qui avait réalisé les investissements réclamés. Au même moment, Sète met les bouchées doubles.
Sète-Izmir remplace désormais la ligne Toulon-Pendik, à raison de trois escales hebdomadaires. “Nous misons énormément sur l’infrastructure ferroviaire qui devient de plus en plus stratégique. Nous avons beaucoup investi ces dernières années avec la construction du quai H qui permet de répondre à l’augmentation de la taille des navires. Nous étions à deux escales par semaine des navires DFDS avec la Turquie et nous allons passer à trois touchées hebdomadaires avec des navires de 440 unités roll. Une fois déchargées, les remorques sont acheminées par le rail par jusqu’à Bettembourg”, souligne Olivier Carmes, directeur général du port de Sète.
Ce service initié par Viia il y a trois ans visait à répondre à la demande du logisticien Ekol, dont l’armement, Alternativ transport, est tombé dans l’escarcelle de DFDS qui, par ce biais a découvert les atouts de Sète.
Plus de 60 % des remorques transportées par rail
Après le transfert d’une escale en juillet 2019 de Toulon à Sète, DFDS a choisi de miser à 100 % sur le port d’Occitanie. “Nous avons maintenant décidé de concentrer toutes les traversées dans le port de Sète car le besoin de services intermodaux est en forte augmentation, ce qui peut être offert à Sète, mais pas à Toulon. Aujourd'hui déjà, plus de 60 % des remorques sont transportées vers et depuis les marchés finaux sur des wagons de chemin de fer, et avec les conducteurs de poids lourds confrontés à des problèmes de visa, cela ne fera qu'augmenter à l'avenir, a précisé Lars Hoffmann, responsable de la BU Méditerranée. Sète est également stratégique pour nos clients car il est proche de la plupart de nos marchés – le marché espagnol et les marchés importants des fruits et légumes. En outre, le port de Sète offre des installations pour les marchandises réfrigérées.”
Un départ au goût amer
Ainsi, le temps de l’armateur n’est pas forcément celui du port. Toulon vient d’en faire les frais. La seule ligne régulière fret depuis 2011 qui générait un flux de 70 000 remorques annuelles pour 990 000 tonnes vient de s‘arrêter, laissant sur le carreau la centaine de dockers de la société CGMV, l’agent Worms Services Maritimes et quatre douaniers.
Un départ au goût amer à quelques semaines de la remise en service des voies ferrées de Brégaillon annoncée pour début 2020. “Nous sommes en train d’achever un programme d’investissement de 12 millions d’euros et d’une dizaine d’opérations en 5 ans sur le Terminal Fret de Brégaillon, souligne Jacques Bianchi, Président de la CCI Var, concessionnaire et exploitante des Ports de la Rade de Toulon. Nous allons devoir réagir collectivement, comme nous savons le faire dans de pareilles circonstances, et nous projeter vers de nouveaux défis et développements en faveur d’une activité renouvelée sur ce terminal, et des retombées économiques et sociales qu’elles doivent pouvoir garantir.” Les regards se tournent vers la société Nicolas Frères (Groupe Charles André), implantée à Toulon depuis 2017.