Depuis depuis le 29 novembre dernier, des manifestants postés à l’entrée du port de Brégaillon (Toulon) filtraient pour ensuite bloquer les camions destinés à la ligne UN Ro-Ro qui dessert la Turquie trois fois par semaine. Ce week-end, 150 transporteurs routiers turcs se sont retrouvés pris en otage sur le terminal varois. Des échauffourées auraient même éclaté. "L’un des chauffeurs, face au stress, a fait un arrêt cardiaque et a été transporté à l’hôpital", déplore le manutentionnaire Mario Ibarès, à la tête de CGMV (Comptoir général maritime varois). Devant la tournure prise par les événements, l’armateur DFDS, propriétaire d'UN Ro-Ro, a pris la décision, ce 4 décembre, de dérouter l’escale du navire Saffet Ulusoy, de Toulon à Marseille.
Ni parking, ni douche, ni nourriture
Dès la veille, les chauffeurs routiers turcs ont commencé à converger vers le terminal roulier sud, d’où partent habituellement les navires pour la Tunisie. Dans l’après-midi, de longues files d’attentes de camions se sont formées aux abords du TRS, avec l’afflux de quelque 400 transporteurs (entrées/sorties) de manière inopinée. "Ici, nous n’avons ni parking, ni douche, ni toilettes et pas de quoi manger", déplore Zafer Ozdon, un des nombreux conducteurs qui patientaient devant les bureaux de DFDS dans l’attente d’informations.
Marseille, port refuge d’UN Ro-Ro
Mais à Marseille, le port refuge d’UN Ro-Ro s’est retrouvé paralysé vers midi. Dockers et agents du port de Marseille-Fos organisaient une heure de débrayage sur les deux bassins, terminal pétrolier compris. "Nous avons observé une heure de grève pour protester contre les violences disproportionnées des forces de police la veille contre les lycéens du Lycée Montgrand et contre une délégation de la CGT", explique Pascal Galeoté, secrétaire général de la CGT du port. Le navire Saffet Ulusoy devait appareiller à 20 h 00, avec à son bord 156 unités, dont 15 conteneurs de 40 pieds.
Sur place, pour gérer au mieux cette escale, une cellule de l’agent Worms de Toulon a été installée. "Nous leur avons précisé de se présenter uniquement avec les autorisations de mise à quai, mais cela n’a pas été respecté", explique l’armateur. Autre souci de taille, la nécessité de gérer l’escale sous Ci5, le CCS du port de Marseille-Fos. Car à Toulon, les formalités se font manuellement. "Il a fallu créer le navire dans le logiciel et rentrer les listes des marchandises à l’import et à l’export", précisent encore les services de DFDS qui travaillent sans relâche.
Représailles
Du côté de Toulon, les dockers, en guise de représailles contre les actions de blocage des Gilets jaunes, ont paralysé lundi 3 décembre le centre-ville de la Seyne-sur-Mer. "Aujourd’hui, les manifestants sont revenus à Brégaillon, mais ils laissent les camions entrer et sortir depuis 14 h 30", a annoncé Mario Ibares. Devant cette situation pour le moins confuse, et qui évolue d’heure en heure, difficile de prédire quel sera le port français de la prochaine escale de la ligne UN Ro-Ro.