La reprise des vols d'avions passagers s’accompagne d’une hausse des capacités soutes pour le fret aérien. L’augmentation de l’offre intervient alors que la demande est atone. Ces deux tendances provoquent une baisse des tarifs sur ce marché. Elles renforcent, aussi, la concurrence entre les aéroports, selon la Commission aérienne de TLF Overseas.
Pour la première fois, depuis trois ans, l’offre disponible sur le marché du fret aérien a dépassé le niveau d’avant crise sanitaire de la Covid. "La principale raison de cette évolution est due au retour des capacités de soutes des vols de passagers", selon l'Association du transport aérien international.
En avril, les capacités fret ont augmenté de 13,4 %, globalement. Cette évolution a été portée par une hausse de l’offre soutes, de près de 50 %. Dans le même temps, "la capacité des avions cargo a diminué de 2,3 %. Les opérations de "Preighter" (utilisation d’avions passagers pour transporter du fret) ont cessé depuis mars, après deux ans et demi d’activité continue", a rappelé l'IATA, dans sa dernière analyse consacrée au fret aérien.
Chute des taux de fret
L’augmentation de l’offre se poursuit alors que la demande décline. À fin avril, les volumes mondiaux de fret aérien étaient en repli d’environ 10 %, par rapport à la même période 2022, d’après l'IATA. Ils reculaient de plus de 5 %, comparé à ceux d’avril 2019.
"La forte croissance de l’offre et l’atonie de la demande font plonger les coefficients de remplissage et les taux de fret", a constaté le consultant Upply, il y a quelques jours. En avril, le taux de remplissage dans le cargo s’élevait à 42,8 %, en baisse de 9,1 points, en glissement annuel.
Quant aux tarifs, leur chute variait de 10 % à 46 %, en fonction des routes aériennes. Les plus forts replis étaient enregistrés sur les axes Asie-Europe (- 45,7 %) et Europe-Amérique du Nord Côte-Est (- 19,8 %).
Qualité et compétitivité
La récente assemblée générale de la Commission aérienne de TLF Overseas a confirmé ces tendances avec davantage de précisions. Pour ses co-présidents, Michel Douton et Philippe Souloumiac, "les niveaux de stocks sont élevés et les entreprises ralentissent leurs importations. L'offre maritime est de nouveau compétitive. Le report modal du maritime vers l’aérien, observé ces deux dernières années, s’est donc fortement réduit".
"Le retour des capacités soutes fait baisser les taux de fret mais augmente les destinations desservies", ont-ils tempéré.
En revanche, ce contexte renforce la concurrence entre les places aéroportuaires. Pour la Commission aérienne de TLF Overseas, les aéroports français, parisiens en particulier, doivent "renforcer et communiquer davantage sur leur qualité de service et leur compétitivité".
Pour les actions de promotion, Michel Douton et Philippe Souloumiac ont encouragé "le développement d'Air Cargo France Association, qui fédère les acteurs du fret aérien en France". Ils ont défendu aussi "la mise en œuvre d’une charte qualité, avec des indicateurs de suivi sur Paris-CDG".
Développement durable
La numérisation des procédures est une autre priorité citée, pour améliorer la qualité de service et la compétitivité des aéroports français. "Cette ambition pourrait passer par le renforcement des fonctionnalités et du périmètre du CCS CIN, ainsi que par le développement des procédures e-freight", ont-ils proposé.
La concurrence entre les aéroports cargo ouest-européens se joue également au plan environnemental. "La Commission aérienne de TLF Overseas soutient la mise en œuvre de programmes en faveur des carburants à faibles émissions (ou Sustainable Aviation Fuel - SAF) par les compagnies aériennes", ont assuré ses co-présidents.
Ses membres participent aussi à la création d’une navette routière fret, entre Paris-Orly et Paris-Charles-de-Gaulle, en camion électrique.