Profitant de la croissance mondiale du trafic aérien, les pilotes de ligne sont désormais en position de choisir les compagnies leur offrant les meilleures conditions de vie et de travail. La demande croissante pour le personnel des cockpits est liée au double effet des baby boomers qui partent à la retraite en Europe et à la croissance du trafic mondial appelé à quasiment doubler d'ici 2036 pour passer de quelque 4 milliards de passagers cette année à 7,8 milliards en 2036, selon l'Association internationale des transporteurs aériens (Iata). "Ce qui est sûr, c'est qu'il y a une pénurie" et que ces professionnels "vont vers la compagnie aérienne qui offre les meilleures conditions", note Marc Houalla, qui a été directeur général de l’École nationale de l'aviation civile (Enac) jusqu'à mi-octobre.
La crise récente chez le transporteur low-cost irlandais Ryanair, qui a dû annuler 20.000 vols entre septembre et mars pour des raisons de plannings des pilotes, a aussi mis en exergue une hémorragie de professionnels en quête de meilleures conditions de travail. Désormais, "toutes les compagnies embauchent et notamment les compagnies classiques, comme ces compagnies-là ont un niveau de contrat social nettement plus élevé que celui en cours chez Ryanair forcément quand les pilotes ont le choix ils vont au plus offrant", estime Christophe Tharot, président du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL). La low-cost Norwegian a recruté depuis le début de l'année 160 pilotes ayant quitté Ryanair, soit 25 % des plus de 600 qu'elle compte embaucher cette année.
Salaires "démentiels" en Chine
L'appel d'air dans le recrutement a commencé à se faire sentir il y a "deux ou trois ans" avec les compagnies américaines qui ont recruté massivement y compris au sein des compagnies du Golfe, selon un pilote. Ce commandant de bord, passé de Ryanair à Air France, avait cherché sans succès à intégrer une compagnie du Golfe il y a quelques années. "Aujourd'hui ils m'appellent pour me demander de reconsidérer la question", raconte-t-il. Et entre-temps les compagnies chinoises proposent "des salaires un peu démentiels", poursuit-il. La Chine devrait détrôner les États-Unis en 2022 comme le plus grand marché mondial du transport aérien, selon l'Iata. "Je reçois des mails en me disant "nous avons augmenté nos conditions, on paie 300.000 euros"" pour un commandant de bord, ajoute-t-il. Il a préféré entrer chez Air France par le bas de l'échelle avec une baisse de salaire d'environ 1.500 euros par mois, le prix à payer, selon lui, pour une meilleure qualité de vie.
La pénurie se propage à tel point que instructeurs de l'Enac sont absorbés par les compagnies, selon Marc Houalla. Air France qui avait gelé ses recrutements pendant sept ans, a repris les embauches il y a un an. La compagnie a prévu de les poursuivre au rythme de "200 à 250 par an jusqu'en 2025", selon le directeur des ressources humaines chargé des pilotes, Didier Nicolini. Aujourd'hui, les recrues, séduites par le "package social global" offert par la compagnie, viennent de Ryanair, d'EasyJet mais aussi d'Emirates, selon lui.
En Allemagne, le géant Lufthansa a un projet de rachat partiel de sa concurrente Air Berlin et a déposé une offre pour des bribes d'Alitalia. La question des pilotes devient pour lui existentielle : il lui faut manœuvrer serré entre les habitudes d'enfants gâtés de ses 5.400 pilotes - parmi les mieux payés d'Europe (jusqu'à 200.000 euros bruts annuels) - la multiplication des liaisons et son offensive dans le low-cost. Il s'est engagé à embaucher 700 débutants d'ici 2022 dans un accord conclu en octobre. Signe de fébrilité, Lufthansa a proposé une prime de 20.000 euros aux quinze premiers pilotes qui accepteront de voler immédiatement sur plusieurs des appareils d'Air Berlin récemment acquis par la compagnie, afin d'éviter des trous dans ses tableaux de départs.
Mais Pierre Coursimault, membre du SNPL, met de son côté en garde contre un effet de "bulle" en Europe. "Toute augmentation de l'offre par les low-cost se fera au détriment des compagnies classiques", estime-t-il, citant la faillite récente et sans préavis de la britannique Monarch.
La crise récente chez le transporteur low-cost irlandais Ryanair, qui a dû annuler 20.000 vols entre septembre et mars pour des raisons de plannings des pilotes, a aussi mis en exergue une hémorragie de professionnels en quête de meilleures conditions de travail. Désormais, "toutes les compagnies embauchent et notamment les compagnies classiques, comme ces compagnies-là ont un niveau de contrat social nettement plus élevé que celui en cours chez Ryanair forcément quand les pilotes ont le choix ils vont au plus offrant", estime Christophe Tharot, président du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL). La low-cost Norwegian a recruté depuis le début de l'année 160 pilotes ayant quitté Ryanair, soit 25 % des plus de 600 qu'elle compte embaucher cette année.
Salaires "démentiels" en Chine
L'appel d'air dans le recrutement a commencé à se faire sentir il y a "deux ou trois ans" avec les compagnies américaines qui ont recruté massivement y compris au sein des compagnies du Golfe, selon un pilote. Ce commandant de bord, passé de Ryanair à Air France, avait cherché sans succès à intégrer une compagnie du Golfe il y a quelques années. "Aujourd'hui ils m'appellent pour me demander de reconsidérer la question", raconte-t-il. Et entre-temps les compagnies chinoises proposent "des salaires un peu démentiels", poursuit-il. La Chine devrait détrôner les États-Unis en 2022 comme le plus grand marché mondial du transport aérien, selon l'Iata. "Je reçois des mails en me disant "nous avons augmenté nos conditions, on paie 300.000 euros"" pour un commandant de bord, ajoute-t-il. Il a préféré entrer chez Air France par le bas de l'échelle avec une baisse de salaire d'environ 1.500 euros par mois, le prix à payer, selon lui, pour une meilleure qualité de vie.
La pénurie se propage à tel point que instructeurs de l'Enac sont absorbés par les compagnies, selon Marc Houalla. Air France qui avait gelé ses recrutements pendant sept ans, a repris les embauches il y a un an. La compagnie a prévu de les poursuivre au rythme de "200 à 250 par an jusqu'en 2025", selon le directeur des ressources humaines chargé des pilotes, Didier Nicolini. Aujourd'hui, les recrues, séduites par le "package social global" offert par la compagnie, viennent de Ryanair, d'EasyJet mais aussi d'Emirates, selon lui.
En Allemagne, le géant Lufthansa a un projet de rachat partiel de sa concurrente Air Berlin et a déposé une offre pour des bribes d'Alitalia. La question des pilotes devient pour lui existentielle : il lui faut manœuvrer serré entre les habitudes d'enfants gâtés de ses 5.400 pilotes - parmi les mieux payés d'Europe (jusqu'à 200.000 euros bruts annuels) - la multiplication des liaisons et son offensive dans le low-cost. Il s'est engagé à embaucher 700 débutants d'ici 2022 dans un accord conclu en octobre. Signe de fébrilité, Lufthansa a proposé une prime de 20.000 euros aux quinze premiers pilotes qui accepteront de voler immédiatement sur plusieurs des appareils d'Air Berlin récemment acquis par la compagnie, afin d'éviter des trous dans ses tableaux de départs.
Mais Pierre Coursimault, membre du SNPL, met de son côté en garde contre un effet de "bulle" en Europe. "Toute augmentation de l'offre par les low-cost se fera au détriment des compagnies classiques", estime-t-il, citant la faillite récente et sans préavis de la britannique Monarch.