Celeste, basée à Morlaix (Finistère), a appelé la semaine dernière à "lever le blocage administratif de sa licence d'exploitation". Elle avait obtenu en 2023 son certificat de transport aérien (CTA) validant sa capacité technique à assurer des vols commerciaux.
Mais le bât blesse sur l'autre volet du dossier, la licence d'exploitation, dont les critères d'attribution, prévus par un règlement européen sans possibilité de dérogation, sont financiers, a expliqué la Direction générale de l'aviation civile, soulignant que le dialogue restait ouvert. Une appréciation que conteste la compagnie.
Entre 30 et 40 % de financement manquants
"Le but recherché est de protéger les passagers qui achètent un billet, afin que ceux-ci puissent être assurés de pouvoir bénéficier du service aérien que s'engage à leur fournir la compagnie", a fait valoir l'administration.
Concrètement, la candidate doit montrer qu'elle est suffisamment solide – notamment en pouvant tenir trois mois sans aucune rentrée financière – et qu'elle dispose d'un plan de développement économique réaliste.
Or, il manque aux promoteurs du projet "entre 30 et 40 %" du seuil acceptable de financement initial, selon la DGAC, qui n'a pas donné de chiffres en valeur absolue.
Aucun relèvement du montant n'a été communiqué
Une appréciation contestée par la compagnie : "Les services de la Direction du transport aérien (DTA) ont fixé le 9 juin 2023 un montant de financement à réunir de 8,3 millions d'euros pour la délivrance de la licence d'exploitation. Ce budget a été réuni avec succès [...] et présenté depuis aux services de la DTA."
Elle ajoute qu'"aucun relèvement de ce montant de financement demandé par la DTA n'a été communiqué depuis à Celeste [qui] maintient donc sa position, estimant remplir les conditions fixées par les services de la DGAC".
La compagnie a engrangé de nombreux soutiens financiers de collectivités locales, avec des avances remboursables votées par la communauté d'agglomération de Morlaix (1,5 M€) et Brest métropole (500.000 €), tandis que la Région Bretagne a promis 1 M€, à condition que des fonds privés participent à hauteur de 50 % au plan de financement.
Doute face à la concurrence low cost
Celeste, qui visait initialement la reprise de la liaison Brest-Orly abandonnée successivement par Air France, Transavia et Chalair, est désormais focalisée sur un Brest-Nice après avoir perdu ses créneaux aéroportuaires à Orly faute de les avoir utilisés l'été dernier, a indiqué la DGAC.
La Direction, révélant que le CTA de Celeste est actuellement suspendu, a manifesté à la compagnie ses doutes sur sa capacité, avec un seul avion Bombardier CRJ de 100 places dans sa flotte, à gagner de façon rentable des parts de marché sur Brest-Nice face à la low cost Volotea, qui exploite des Airbus A320 de près de 200 places.
Celeste annonce une prochaine réunion de son conseil d'administration ainsi qu'une consultation de ses souscripteurs privés et des acteurs locaux.
La rédaction (avec l'AFP)