Évolution des alliances, congestion portuaire, niveaux taux de fret… La présentation du baromètre des chargeurs 2022 lors de la dernière SITL à Paris a été l’occasion d’analyser les principaux éléments qui ont chamboulé le marché et de livrer quelques prévisions.
Pour la présidente de la commission maritime de TLF Overseas, Anne-Sophie Fribourg, ”l’éclatement de l’alliance 2M était inéluctable. Elle souligne que pour le danois Maersk et le suisse MSC, les deux membres fondateurs de cette alliance, "il n’était pas simple de s’entendre".
Pour elle, ce divorce, qui pourrait se produire avant 2025, la date annoncée, aura "un impact limité sur le niveau des taux de fret". Selon la présidente de la commission maritime de la fédération, la disparition de cette alliance va permettre "à Maersk de nouer d’autres accords de slots et à MSC de travailler seul".
”Une alliance n’est pas une fin en soi”
Pour Claus Ellemann-Jensen, le directeur général France de l’armateur allemand Hapag-Lloyd, "une alliance n’est pas une fin en soi". Un VSA, à ses yeux, "n’empêche pas de nouer des accords avec d’autres partenaires".
S'exprimant sur THE Alliance, dont Hapag-Lloyd est membre, Claus Ellemann-Jensen affirme : "Notre alliance fonctionne plutôt bien". Concernant le marché, il s’interroge toutefois sur la crise continue entre la Chine et Taïwan, qui constitue à ses yeux "une question sans réponse".
Au sujet de l’annonce récente de 2M, Stéphane Raison, directeur général et président du directoire d’Haropa, estime que "cette alliance n’était pas très bien positionnée en France". Après avoir rappelé que "sur les cinq premières compagnies mondiales, quatre d’entre elles sont européennes", il a jugé que "leur souveraineté s’est renforcée".
"La congestion portuaire plutôt gérée par les ports français"
S'agissant de la congestion portuaire qui a perturbé la supply chain mondiale pendant quelques mois, il a estimé que ”les investissements des ports est la seule réponse à apporter”.
De son côté, le directeur général de Hapag-Lloyd a souligné que "les ports français ont plutôt bien géré la situation" et rappelé que la congestion a disparu dans les ports mondiaux.
Un constat modéré par Anne-Sophie Fribourg, selon qui le problème de fluidité persiste aux États-Unis, même si, selon la présidente de la Commission maritime de TLF-Overseas, le rachat de terminaux américains par CMA CGM doit améliorer le phénomène.
Au chapitre de l’évolution des taux de fret, Jean-Michel Garcia, délégué aux transports Internationaux de l’AUTF, le trade transpacifique conserve un niveau élevé. À propos du marché Asie-Europe, la chute de 90 % enregistrée ces derniers mois après la flambée des taux connu pendant la crise lui fait dire : "Il faut trouver un juste prix dans les mois à venir".
Claus Ellemann-Jensen, lui, souhaite que les compagnies maritimes maintiennent "des relations de long terme" avec la clientèle spot. "Après deux années profitables, on se retrouve au même niveau qu’avant-crise, la situation n’est pas durable. Les compagnies maritimes sont en train de faire construire de nombreux navires".
Une observation qui fait dire à Jean-Michel Garcia : "Avec les navires en construction et ceux qui seront détruits, il y a des capacités qui arrivent". En termes de marché, la fin des montagnes russes est-elle à portée de main ?
