Si la propulsion vélique est pour l'heure encore un sujet expérimental devant se concrétiser sous deux ans par deux lignes hebdomadaires conteneurisées sur l'axe transatlantique, sa singularité commence à attirer également le regard des global carriers.
À deux ans de l'ouverture prévue de deux nouveaux services transatlantiques hebdomadaires conteneurisés à la voile par Zéphyr & Borée, la compagnie bretonne ayant remporté l'appel d'offre de la coalition portée par l'Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF) et France Supply Chain, les contours du projet de transport maritime vélique se précisent.
"Hapag-Lloyd commence à regarder sérieusement le sujet"
"Régularité de service, prix raisonnable et réduction des émissions de CO2" s'avèrent être trois les grands principes du projet élaboré par les 22 chargeurs membres, selon Alain Borne, directeur logistique de Rémy-Cointreau, qui s'exprimait lors d'une table ronde clôturant le "maritime day" de la 40e édition de la SITL à Paris.
Pour Alexandre Dupont, du groupe Michelin, il ne fait aucun doute que ces futurs services ne seront pas assurés par des méga carriers de 24.000 EVP dans des hubs conteneurisés mais par des navires de taille plus modeste.
Des terminaux secondaires
Ces lignes à propulsion vélique seront opérées par des porte-conteneurs non gréés allant jusqu'à 2.500 EVP (de type feeders), selon Amaury Polvin, cofondateur de la compagnie lorientaise Zéphyr & Borée. Et d'apporter une précision d'importance en matière de "choix du port" : les navires feront escale dans des "terminaux conteneurisés secondaires".
La consigne, pour Alexandre Dupont, est d'éviter des ports tels que New-York, outre-Atlantique, afin que ces services à propulsion vélique soient épargnés par la congestion portuaire et les blank sailings.
Car, au registre de la manutention comme pour d'autres prestations portuaires, des escales rapides sont l'autre exigence de la part des porteurs du projet. Pour le représentant de Zéphyr & Borée, "moins un navire passe de temps dans un port, plus il en passe en mer".
"Des transit-times plus longs mais maîtrisés"
Selon le cofondateur de la compagnie lorientaise, "les transit times prévus pour ces liaisons sont plus longs que pour un service maritime classique mais ils devront être maîtrisés".
Lise Detrimont, déléguée générale de l'association Wind Ship, souligne "le gros travail qui doit être fourni pour les phases portuaires ne soient pas bloquantes".
Thibaut Sangalli, de Nestlé Waters, rappelle que "le transport maritime vélique ne peut pas être assuré par les global carriers. Ceux-ci n'ont pas la taille pour s'intéresser à ce type de solutions".
Alain Borne, de son côté, souligne qu'aucun grand transporteur maritime mondial n'est entré à ce jour dans l'association puisque "le projet reste une expérimentation". Il indique pourtant que l'allemand "Hapag-Lloyd commence à regarder sérieusement le sujet".
Pourtant, "Si la propulsion vélique reste pour l'heure expérimentale, la force du vent commence à faire son chemin", estime Lise Detrimont.
Autre pierre angulaire du projet, un engagement pour une durée de dix ans de la part de cette structure qui reste encore ouverte à de nouveaux venus. Une organisation qui a déjà admis en son sein quelques commissionnaires de transport, a-t-on appris à l'issue de la table ronde.