"Vous voyez ce qui se passe à nos frontières [...] avec Gaza, vous voyez le canal de Suez qui rapportait à l'Égypte près de 10 milliards de dollars par an, (ses revenus) ont baissé de 40 à 50 % ", a lancé Abdel Fattah al-Sissi, le président égyptien, au cours d’une conférence qui se tenait le 19 février en présence de compagnies pétrolières.
Le chef de l’État estime que les revenus du canal de Suez, l'une des principales rentrées en devises du pays, ont diminué de moitié depuis le début des attaques des rebelles yéménites houthis en novembre.
Le président al-Sissi confirme ainsi les données délivrées par l'ONU, qui faisait état d’une baisse des volumes sur cette route de 42 % ces deux derniers mois. Les Nations unies ne cachent plus leurs inquiétudes quant aux impacts pour le commerce mondial.
Réaction tardive des vraquiers et pétroliers
La situation a poussé de nombreux armateurs à contourner l'Afrique et à suspendre les passages par la mer Rouge et le Canal de Suez, par où transitent habituellement 12 à 15 % du trafic mondial. Et cela devrait s’ancrer dans la durée.
L’un des dirigeants de Maersk, le numéro deux mondial du transport maritime de conteneurs, a indiqué qu’il ne voyait pas d’issue avant la fin du deuxième trimestre.
Le nombre hebdomadaire de transits de porte-conteneurs a baissé de 67 % sur une base annuelle, les armateurs ayant massivement dérouté leurs navires par la pointe de l’Afrique. Le trafic des pétroliers et des vraquiers est moins impacté (- 18 % et - 6 % respectivement), car les armateurs n’ont pas pris de décisions aussi radicales.
Les attaques contre les vraquiers, dont les exploitants ont dans l'ensemble maintenu leur transit jusqu’à une date récente, se sont multipliées ces derniers jours. Star Bulk, un des grands acteurs de ce marché (113 navires de 53.000 à 210.000 tpl), a annoncé lors de la publication de ses résultats financiers qu’il cessait ses passages.
Des revenus de 8,6 Md$
Dans le pays qui traverse la pire crise économique de son histoire, les revenus du canal sont aussi surveillés que les recettes du tourisme et les envois d'argent des travailleurs égyptiens à l'étranger.
Sur l'année fiscale 2022-2023, l’ouvrage, qui doit son existence en partie à la compagnie de Ferdinand de Lesseps, un diplomate et entrepreneur français, a rapporté 8,6 Md$ à l'Égypte, monnaie d’échange essentielle aux importateurs et exportateurs du pays.
A.D. (avec AFP)