Les acteurs du transport de véhicules ont confiance dans leur marché à en juger par leur appétit de navires neufs. Selon les dernières données délivrées par VesselsValue, les commandes pour les transporteurs de véhicules (Large Car Truck Carrier/Pure Car and Truck Carrier/Pure Car Carrier) ont totalisé une valeur de plus 3,2 Md$ (4,4 Md$ si les options sont exercées), suite aux contrats signés la semaine dernière par Eastern Pacific et Zodiac. Une somme spectaculaire pour un secteur de niche, relève le spécialiste, et historique dans la mesure où elle consolide le montant des six dernières années.
L'inflation rapide des prix de l'acier a fait grimper en flèche les prix des nouvelles constructions après une période de faibles commandes de quatre années (depuis 2016, les commandes n'ont atteint en moyenne que 5 navires par an). Les 40 transporteurs de voitures confirmés cette année (56 en comptant les options) le sont avec une propulsion bicarburant avec le GNL, « formant une classe d'actifs PCTC/LCTC de premier ordre ».
La rareté stimulant la demande
Les prix des ventes d'occasion ont également explosé au deuxième trimestre, la rareté stimulant la demande. L'Asian King, un navire de 6 400 CEU (unité : car equivalent unit), âgé de 22 ans, s'est vendu pour la somme notable de 23 M$. Deux mois plus tôt, le Perseus Liberty, aux caractéristiques comparables, avait été acquis pour deux fois moins.
Les tarifs d’affrètement ont suivi sur la même trajectoire : 30 000 $ par jour pour les navires de taille moyenne de 5 000 UCE et 35 000 $ par jour pour les navires de 6 500 UCE
L’inflation, qui touche toutes les composantes du marché, « pourrait perdurer jusqu'en 2024 en raison d'un manque sous-jacent de tonnage », prévoit VesselsValue.
Des fondamentaux sains
2010 avait enregistré un nombre important de livraisons, soit 8 % de la flotte. Mais depuis 2013, la jauge est passée en dessous des 20 navires tandis qu’en 2019, il y a eu moins de dix unités livrées. Le carnet de commandes actuel prévoit quatre livraisons en 2022, dix en 2023 et 19 en 2024. « Ces chiffres sont faibles pour les deux prochaines années et 2022 semble particulièrement inquiétant avec le Covid qui continue de peser sur l'offre », alerte la société de conseil spécialisée dans les
Effet Biden
Effet décret Biden ou pas (la moitié des ventes d'automobiles aux États-Unis devront être des véhicules électriques d'ici 2030), la demande de véhicules électriques a enclenché dans les pays développés la vitesse supérieure, parfois sous l’injonction d’obligations/incitations.
Le Canada, mais aussi certains pays européens, ont commencé à rendre obligatoire l’usage de l’électricité pour tout ou partie de la flotte de véhicules légers et/ou de camions, ce qui a contribué à dynamiser le secteur. Au Royaume-Uni, par exemple, les ventes de voitures sans émissions ont augmenté de 73 % depuis le début de l’année.
Les voitures électriques et hybrides représentent désormais 14 % (7 % en 2020) de toutes les ventes de véhicules légers en Europe. En mars dernier, les engagements de Volkswagen ont marqué les esprits : le constructeur allemand a annoncé que 70 % de ses ventes en Europe seraient électriques d'ici 2030.
Bonne nouvelle pour les transporteurs
La croissance de ce commerce est une bonne nouvelle pour les transporteurs, « car les voitures électriques pèsent 20 % de plus que les modèles conventionnels équivalents diesel/essence. Cela signifie que moins de voitures peuvent être chargées à bord d'un PCTC type. Il faudra donc davantage de capacité pour transporter le même volume de voitures par voie maritime dans le monde entier. »
Les réductions de production, auxquels les constructeurs ont été contraints de consentir en raison de grandes difficultés d’approvisionnement du fait d’une supply chain tendu jusqu’à la corde (lenteur des opérations portuaires, congestion, retards des navires, etc.) et les chiffres négatifs des ventes au détail aux États-Unis, pèsent toutefois sur la perception du marché.
Affréter ses propres navires pour profiter des revenus lucratifs
Inévitablement, la valorisation des PCTC attise les appétits. Si un nombre relativement faible de ventes a été réalisé cette année, c’est aussi parce que les propriétaires hésitent à se défaire de leur tonnage sur un marché en manque d'offre, les opérateurs anticipant des valeurs plus élevées. « Certains exploitants ont affrété les PCTC en propriété pour profiter des revenus lucratifs », a repéré VesselsValue.
Adeline Descamps