« Le transport maritime étant l’un des secteurs les plus difficiles à décarboner, il est essentiel de développer des carburants et des technologies à faible teneur en carbone ou sans carbone à un prix abordable. C’est pourquoi les carburants renouvelables d’origine non biologique devraient être inclus dans la définition des « technologies stratégiques à zéro émission » de la loi, afin que des capacités de production dédiées puissent être rapidement développées », regrette d’emblée l’Ecsa, l’association des armateurs de la Communauté européenne.
Ses membres ont réagi rapidement à la présentation, en mars, par la Commission européenne d’un projet de réglement pour une industrie à zéro émission (Net zero industry act), qui avait été annoncé en janvier par sa présidente Ursula von der Leyen.
Tout en saluant « la prise en compte des technologies renouvelables offshore et de la capture et du stockage du carbone dans la liste des technologies stratégiques net-zéro », la représentation européenne des armateurs et propriétaires de navires regrette que l’occasion ait été manquée de « reconnaître comme il se doit au transport maritime son rôle stratégique pour la sécurité énergétique, alimentaire et de l’approvisionnement en marchandises de l’Europe ». Une clé pour la compétitivité du secteur, selon eux.
Le texte européen, qui doit encore être amendé par les États membres et les eurodéputés dans le cadre d’un cheminement législatif classique, vise à accélérer le développement de technologies vertes, « bâtir la souveraineté énergétique » de l’UE et s’affranchir des importations « notamment de la Chine et de la Russie ». En clair, combler le déficit d’investissement actuel dans les technologies clés de la transition énergétique.
Les propositions, préparées par le commissaire français au Marché intérieur Thierry Breton, se veulent en effet une réponse directe aux aides d’État chinoises et américaines. Outre-Atlantique, l’Inflation Reduction Act prévoit 340 Md$ de subventions pour les industries implantées sur le sol américain. Le niveau d’investissement européen n’est pas clairement mentionné.
S’affranchir de l’import
Pour combler son retard, Bruxelles se fixe l’objectif d’assurer 40 % de ses besoins en technologies vertes avec ses propres ressources à l’horizon 2030.
Pour ce faire, le plan prévoit de simplifier et accélérer les procédures administratives pour les implantations industrielles, clarifier les cadres réglementaires de façon à garantir la viabilité financière des projets et introduire des critères environnementaux dans les appels d’offres publics ou des mesures fiscales pour pallier les écarts de coûts…
Parmi les technologies vertes visées par le texte européen : les éoliennes, les panneaux solaires, l’hydrogène renouvelable, le stockage du CO2, les électrolyseurs et piles à combustible, la production de biogaz/biométhane… pour ce qui intéresse le secteur maritime.
Quant à la capture et le stockage de CO2, la loi pourrait fixer un objectif de 50 Mt à « enfouir » dans les sites de stockage dits stratégiques d’ici à 2030.
Autre technologie vers laquelle devraient être fléchés les subsides publics, l’hydrogène vert dont l’Europe veut être un hub mondial de production. Il est de nouveau question d’une Banque européenne de l’hydrogène, qui avait été promise en septembre par la présidente de la Commission avec quelque 3 Md€ de financements à la clé. Le mode opératoire est encore flou à ce stade mais « l’objet » a surtout pour valeur de démontrer l’intérêt que l’exécutif européen lui prête.
Pour rappel, en vue d’atteindre la neutralité carbone en 2050, l’UE a pour objectif d’ici 2030 de produire autant (10 Mt) d’hydrogène renouvelable par an sur son sol qu’elle n’en importe.
Adeline Descamps