« Avec l’accroissement des turbines, le coût des navires peut dépasser les 500 M€ »

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Fort de son expérience dans la pose de plusieurs démonstrateurs, Bourbon s’attaque sérieusement à l’installation d’éoliennes flottantes. La compagnie d’origine marseillaise s’est associée au producteur d’énergie renouvelable RWE pour installer des parcs éoliens flottants en Méditerranée.
Bourbon Wind a été créé l’an dernier. Faut-il y voir l’affirmation de la présence de Bourbon sur le créneau de l’éolien offshore?

Patrick Belenfant: Bourbon travaille sur l’éolien depuis 2011. Si nous avons créé la branche Wind, c’est pour apporter de la visibilité à nos activités concernant des projets clé en main et l’installation d’éoliennes flottantes. En 2008, nous avions déjà hésité à nous positionner sur le segment de l’éolien posé. L’installation des éoliennes flottantes requiert des compétences, par exemple sur le remorquage et la pose des ancres, qui sont davantage dans la ligne de nos métiers. Bourbon a des équipes d’ingénieurs experts et des remorqueurs, des transporteurs de passagers, des grues, des sous-marins robots. Ces ressources humaines et matérielles nous ont permis de participer à plusieurs projets d’éolien flottant: dès 2011 au Portugal, puis en 2018 au large des côtes britanniques, en 2019 à nouveau au Portugal et également en Norvège. Et enfin, nous participons au projet Eolmed en France.

Comment appréhendez-vous la suite?

P.B.: L’installation est dans nos compétences, la maintenance aussi. Pour les prototypes, nous avons fourni clé en main les ancres, leurs lignes et les câbles électriques, nous les avons installés et nous avons aussi remorqué les flotteurs. Aujourd’hui, il s’agit de monter en puissance et de répondre à des appels d’offres pour des champs de 200 à 500 MW en 2027 ou 2030. Pour ces plus gros projets, les volumes de chaînes et de câbles seront bien supérieurs. Donc si le schéma contractuel s’organise ainsi, nous pourrions nous limiter à la partie maritime, c’est-à-dire à l’installation, et laisser aux fabricants la fourniture des équipements.

Maintenant que vous avez fait vos preuves sur l’éolien flottant, vous pourriez être intéressé par la version posée?

P.B.: Pour l’éolien fixe, il faut des investissements colossaux pour construire les engins nécessaires au levage des fondations et des turbines. Nous ne fermons pas la porte, car notre métier est aussi de faire construire des navires et de les exploiter, mais ce n’est pas notre priorité. D’autant qu’avec l’accroissement de la taille des turbines, le coût des navires peut dépasser les 500 M€. Nous savons les concevoir et exploiter des grues, mais en termes de ticket d’investissement, ce n’est pas forcément notre catégorie.

Dans le flottant, qu’est-ce que vous faites valoir par rapport à la concurrence?

P.B.: Le remorquage est un sujet important pour l’installation d’éoliennes flottantes. Pour cette activité, nous apportons de la flexibilité grâce à notre flotte de 248 navires, dont une soixantaine de remorqueurs de 80 à 150 t. Là où il y a forage ou piles battues, on n’est plus dans notre zone de confort, mais nous pourrions nous associer avec d’autres entreprises pour répondre à ce type de demandes. Sur la pose d’ancres, notre expérience nous donne toute la légitimité, qu’il s’agisse d’ancres traditionnelles avec chaînes ou d’ancres à succion, adaptées aux fonds de vase de 300 à 900 m.

Alors que l’éolien offshore s’oriente de plus en plus vers le gigantisme, comment adaptez-vous votre flotte pour répondre à ses besoins?

P.B.: Les navires polyvalents étaient parfaits pour poser les prototypes mais ne sont plus adaptés aux projets de champs de 500 MW. Les ancres atteignent 40 t et les chaînes 200 mm de diamètre. Pour ces lignes, il faut construire des navires industriels avec de grandes capacités d’emport, spécialisés uniquement dans la pose de câbles. Je vous confirme qu’ils sont en projet dans nos cartons.

Dans quels délais?

P.B.: La construction de ces unités prend une trentaine de mois. Or les opérateurs veulent installer leurs premières ancres deux ans après avoir reçu le feu vert du lancement des travaux. Cependant, ils savent que les navires ne sont pas forcément disponibles, donc on trouvera les délais comme cela s’est fait dans l’éolien posé. Si l’on veut un navire en 2027, il faut lancer la construction en 2024. Et prévoir une livraison en mars, sinon on rate la saison favorable aux travaux en mer. À travers le monde, seule une trentaine de chantiers peuvent construire de telles unités. Et ce sont souvent les mêmes qui construisent les flotteurs des éoliennes.

Éolien, une solution mais pas une navires

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