Toute jeune filière, la croisière est devenue un sujet politiquement clivant, les paquebots dans l’œil du cyclone sociétal pour leurs émissions chargées d’oxydes de soufre, d’azote et de particules fines. Le sujet est devenu explosif à Marseille du fait de l’extraordinaire ascension de son port dans le cénacle des terminaux de croisière millionnaires, parmi les cinq premiers ports méditerranéens. Le rejet y est violent. Deux associations, Alternatiba Marseille et Cap au Nord, et vingt-cinq particuliers ont intenté en mars une une action au pénal en portant plainte contre l’activité du port de Marseille pour « écocide » notamment. Le maire de Marseille, Benoît Payant, s’est de son côté lancé dans une croisade anti-croisières depuis son élection en 2020 au point de retirer sa subvention de 70 000 € (en plus de la cotisation de 20 000 €). Un acte politique qui ne rassemble pas au-delà de sa majorité, elle-même divisée sur le sujet. Les autres collectivités locales, de droite, font front commun au titre du soutien à l’économie touristique. Au centre du jeu, le Club de la croisière doit faire le lien entre ceux qui disent en mourir et ceux qui en vivent. Pilote de profession, Jean-François Suhas a été renouvelé en mars 2022 pour un dernier mandat à la tête de l’instance jusqu’en 2025. Il n’aura pas démérité pendant dix ans pour partager son expertise scientifique sur ces sujets desservis par la méconnaissance technique et du grand public et des décideurs.
Entretien
La croisière, politiquement clivante
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