Dans la première puissance économique mondiale, les volumes d’importation sont attendus en hausse, dans une fourchette comprise entre 2,5 et 3,5 % en 2024. Cependant, il y a un risque que la croissance soit plus faible sur le continent nord-américain, car les dépenses de consommation pourraient ne pas tenir au rythme actuel. Les dernières données du Bureau américain d’analyse économique indiquent que, corrigées de l’inflation, les consommateurs américains dépensent 11 % de plus en biens et services qu’en 2019 alors que le revenu disponible n’a augmenté que de 1 %. C’est donc l’épargne excédentaire accumulée pendant la pandémie qui permet aux chalands nord-américains de dépenser assidûment. Selon les dernières estimations, ce trésor de guerre pourrait bien s’épuiser au cours du premier semestre 2024 et sécher l’envie de consommation.
Léthargie profonde ou somnolence hivernale? Le Vieux Continent, amorphe, devrait s’extraire de son état, selon les perspectives, avec des volumes d’importation en croissance, entre 2 et 3 % en 2024 et entre 2,5 et 3,5 % en 2025, toutefois encore inférieurs à ceux de 2019. Contrairement à leurs homologues d’outre-Atlantique, la confiance des consommateurs européens et méditerranéens reste faible. Les ventes au détail se maintiennent néanmoins. Par rapport à 2019, elles devraient finir en hausse de 5 % dans l’UE en 2023, loin toutefois des 15 % aux États-Unis. Dans le même temps, le secteur manufacturier de l’UE a souffert et l’indice PMI manufacturier de la zone euro est inférieur à 50 (seuil qui sépare la contraction de la croissance) depuis juillet 2022.
« Pour ces régions, la Méditerranée comprise, nos prévisions portant sur les volumes de conteneurs transportés sont inférieures à ce que l’on pourrait attendre, compte tenu des prévisions économiques », prévoit l’organisation, ces deux régions ayant été confrontées à une forte inflation et à des taux d’intérêt élevés.
En 2023, selon les estimations du Bimco toujours, les importations en Asie de l’Est et du Sud-Est devraient être faibles, entre + 0,5 % et – 1,5 %. Mais le Bimco anticipe une croissance positive de 2 à 3 % en 2024 et 2025. Malgré une reprise plus lente que prévu, le FMI estime pourtant que la Chine atteindra l’objectif officiel de croissance du PIB de 5 % en 2023, mais qu’elle devrait se contenter d’une hausse de 4,2 % en 2024 et 4,1 % en 2025. L’institution financière donne ainsi crédit aux dernières mesures prises par Pékin pour relancer la dynamique de sa croissance intérieure, soutenir la demande étrangère (en baissant les prix) et juguler la crise du secteur immobilier. Les derniers trimestres de l’année ont en effet été plus forts que prévu. Les indices PMI manufacturiers mesurés par Caixin et le Bureau national des statistiques de Chine ont inhabituellement oscillé autour de 50 tout au long de l’année 2023, parfois au-dessus, mais souvent en dessous.
Néanmoins, l’indicateur composite avancé de l’OCDE pour la Chine a franchi la barre des 100 en avril 2023 et s’est ensuite constamment amélioré, reflétant de possibles améliorations de la production industrielle chinoise et donc des importations et des exportations à venir.
Bien qu’ils ne représentent qu’environ 23 % des volumes d’importation mondiaux, les moteurs de croissance actuels du marché des conteneurs sont les régions du sous-continent indien, de l’Amérique du Sud et centrale, de l’Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient (avant les événements géopolitiques). En 2023, ces régions ont enregistré des niveaux de croissance près de deux fois supérieurs à ce qui a été constaté au niveau mondial. Elles devraient en outre contribuer à 40 % de la croissance en 2024 et 2025 après un néant entre 2019 et 2022. C’est l’Amérique du Sud et centrale qui ressortent grandes gagnantes des échanges dans les années à venir. Les flux devraient être tirés vers le haut (+ 8 à 9 % en 2024 et + 9 à 10 % en 2025).
Surcapacité à gérer, arrivée des porte-conteneurs ultra-grands et ultra-larges, émergence de carburants inéprouvés, ralentissement de la vitesse, montée en puissance de la propriété au détriment de l’affrètement, hyperréglementation…, c’est un saut vers l’inconnu qui s’ouvre.. Des changements structurels dans l’exploitation de la flotte à opérer à une échelle de temps accélérée.