Nichée au cœur de la Provence, à cheval sur les communes de Grans et de Miramas, la zone logistique de Clésud héberge depuis 2007 la société Lomak, spécialiste du rail-route. 85 % des distances parcourues par Lomak s’effectuent en train et 15 % par la route.
« À l’époque, le rail-route était un palliatif au manque de conducteur. La pénurie reste d’actualité avec une pression supplémentaire liée à la RSE. Nous avons débuté cette activité avec Castorama. 85 % des kilomètres parcourus par nos caisses le sont par voie ferroviaire, ce qui représente 13 380 t de carbone non émis en 2022. Les 15 % restants sont des pré- et post-acheminements », résume Manuel Cordelet, directeur commercial de Lomak, qui s’est engagé dans la réduction de ses émissions de CO2 dès 2010 en signant la charte de l’Ademe.
Chaque jour, l’entreprise remet des caisses mobiles à Novatrans pour quatre allers-retours: deux vers Paris (Valenton) au départ de Miramas et d’Avignon et deux vers Dourges depuis Avignon et Miramas. « Du carrelage arrive en train d’Italie et remonte chez un client à Dourges. Au final, 994 km sont parcourus par le train tandis que la route ne représente que 6 km », détaille le responsable commercial.
Principal avantage, selon Lomak: s’affranchir du repos compensateur des conducteurs. « Un rail routier fait le travail de trois conducteurs. Nous avons des clients tels que Gifi, ID Logistics, Leroy Merlin situés à seulement 5 km du terminal de Clésud. Cependant, quand un train est en difficulté, une quarantaine de caisses se retrouvent bloquées immédiatement. Autre frein, la demande de sillon doit se faire bien longtemps en avance », ajoute-t-il.
La société bénéficie depuis dix ans du certificat d’économie d’énergie basé sur le nombre de voyages en mois lissés dont le montant est évolutif en fonction du cours CEE, lui-même indexé sur les volumes d’économies en CO2 « Ces aides nous permettent d’investir dans les caisses amorties à compter de sept ans. » « Ces aides nous permettent d’investir dans les caisses que nous amortissons en sept ans. »
Emmanuel Cordelet n’est pas peu fier d’avoir convaincu en 2020 cinq chargeurs de Château-Thierry, dans les Hauts-de-France, de mutualiser leurs stocks chez FM Logistics avant de les expédier en rail-route vers Miramas, Nîmes et Saint-Gilles dans le Gard et d’en assurer la livraison finale. « Nous sommes les seuls en France à proposer du transport de lots partiels en rail-route. Cela nécessite 100 km de pré-acheminements sur le terminal de Valenton. Une fois arrivé à Miramas, le fret est distribué chez Auchan à Nîmes, Carrefour à Saint-Gilles et Intermarché à Marseille. En vingt mois, nous avons retiré 700 camions à la route », se réjouit-il.
Selon lui, la France doit investir dans de nouveaux terminaux de transport combiné en Île-de-France et dans la région lyonnaise. D’ailleurs, la métropole Aix Marseille Provence recherche activement du foncier pour une infrastructure de ce type à proximité du MIN de Châteaurenard, appelé à être connecté au MIN de Rungis. Sur les quatre lignes prévues au départ de Rungis, l’une d’elles reliera le Sud, la ligne Provence. Le dirigeant salue également l’inscription du contournement ferroviaire au sud de Lyon dans le rapport du Conseil d’orientation des infrastructures. « Le Cefal Sud devrait permettre de désaturer le nœud lyonnais et favoriser l’internationalisation du fret avec le projet Lyon-Turin », estime Manuel Cordelet.
Lomak, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 30 M€ l’an dernier, possède 280 caisses mobiles et 154 châssis.