Euroméditerranée et son grand projet de parc urbain sonne le glas de la gare du Canet, avec une fermeture officielle repoussée au 15 mai 2024. Exit les voies ferrées historiques qui courent jusqu’aux portes de la Cité phocéenne. Il faut désormais construire de nouvelles voies à quelques encablures de là. Le projet porté par un établissement public à caractère administratif (EPA) s’accompagne de la reconstitution, voire l’expansion, des capacités ferroviaires réparties entre le port de Marseille-Fos, Miramas Clésud (qui absorbera 50 % des flux du Canet) pour le fret continental et le marché d’intérêt national MIN des Arnavaux où il est question de réhabiliter les voies ferroviaires et d’y aménager un hôtel logistique.
Sur le domaine maritime phocéen, une première phase de quatre ans a débuté en 2020 et porte sur la remise à neuf des voies ferrées entre Arenc et la Porte 4. En 2022, le port a conduit les études pour la reprise des voies ferrées sur le faisceau de Saint-André et sur le terminal à conteneurs de Med Europe. La première phase des travaux s’achèvera en 2023 avec la sécurisation des passages à niveau sur le port et l’installation des longrines ferroviaires sur le terminal Intramar. Á noter que la concertation sur le raccordement de Mourepiane aux voies principales du réseau ferroviaire a été conduite à bon port fin 2022. Un soulagement pour les équipes du GPMM et de SNCF Réseau, le projet présenté aux riverains en 2015 s’étant soldé par échec.
Le nouveau périmètre, version 2022, est plus modeste puisqu’il se cantonne aux flux destinés au territoire. L’enquête publique doit débuter à l’automne 2023. Le chantier de transport combiné sera construit fin 2025-début 2026 sur le site de Mourepiane. CMA CGM, propriétaire du terminal Med Europe, prévoit d’investir dans deux portiques ferroviaires. Ce terminal pourrait doubler ses trafics annuels avec ce projet, à 40 000 EVP par an sur les rails. Dans le cadre de la procédure de concertation, le GPMM a rappelé que le report modal se traduirait par une augmentation du nombre de passages de trains de fret à 15 par jour à horizon 2046 (12 multimodaux + 3 vracs) contre 5 trains par jour à la fermeture du Canet. L’ambition est de traiter les conteneurs, les remorques et les caisses mobiles sur un seul terminal.
Cependant, pour faire passer des remorques sur le rail, des travaux dans trois tunnels, ceux de La Madrague, La Calade et Consolat, seront nécessaires. Il manque en effet quelques centimètres pour que les trains de remorques puissent circuler sur le réseau actuel à une vitesse commerciale de 80 à 90 km/h, le train-test de CargoBeamer ayant effectué son parcours entre Marseille et Calais le 29 septembre 2022 sous statut de transport exceptionnel à la vitesse de 5 km/h. Cette ligne a permis de transporter 18 unités, dont 8 wagons avec remorques, par rail au lieu d’emprunter la route.
À Marseille (bassins Est), le train a été traité à l’intérieur du terminal ro-ro de Marseille Manutention, détenu par CMA Terminals, filiale à 100 % du Groupe CMA CGM. Le rachat de la Méridionale par CMA CGM pourrait également avoir un impact sur le report modal avec un effet de massification des volumes.
A Fos (bassins Ouest), 23 M€ vont être engagés pour augmenter la capacité ferroviaire sur le terminal de Graveleau. Le projet porte sur la création d’une virgule ferroviaire consistant à aménager un faisceau ferroviaire à l’arrière des deux terminaux Seayard et PortSynergy. Le faisceau de ce dernier sera déplacé pour s’aligner avec celui de Seayard. Les travaux doivent s’achever en 2024. À moyen terme, la future zone de services portuaires, prévue dans le cadre de l’orientation d’aménagement de la zone industrialo-portuaire de Fos à l’horizon 2040, devrait être équipée d’une interface rail-route au service des manutentionnaires et logisticiens de Fos.