L’année 2022 aura été pour le terminal multimodal « la meilleure de son histoire, avec un peu plus de 96 000 EVP traités au 31 décembre et une croissance de 2,5 % par rapport à 2021 », se réjouit Florian Weyer, directeur général délégué en charge du port du Havre au sein de Haropa Port. La plateforme en bordure du Grand canal, au pied du pont de Normandie et à quinze kilomètres des terminaux maritimes du port du Havre, poursuit sa progression, de l’ordre de 3,5 % par rapport à 2019. Et selon Haropa Port, l’un des actionnaires de l’infrastructure, l’exploitant Le Havre Terminal d’Exploitation (LHTE) a atteint l’équilibre.
Il le doit aux flux ferroviaires qui représentent près de 50 % du trafic du terminal: « À eux seuls,ils ont gagné plus de 5 000 conteneurs », selon Florian Weyer. Ainsi qu’au « contexte national et même européen qui favorise cette dynamique vers les modes massifiés, les transitaires, les manutentionnaires, les chargeurs demandant de plus en plus de privilégier le multimodal ». Les atouts du terminal? « Il développe une sorte de tapis roulant avec des services parfaitement cadencés et réguliers d’un point A à un point B, sur l’axe Seine pour le fluvial et vers les destinations de l’hinterland qui s’écartent de l’axe pour le ferroviaire, comme Lyon ou Bordeaux. »
Les deux tiers des 80 dessertes ferroviaires hebdomadaires (18 destinations) ainsi que les 35 dessertes fluviales (9 destinations) passent par le terminal multimodal, selon Haropa Port. Six navettes ferroviaires relient chaque jour la plateforme aux terminaux maritimes du port du Havre.
Par ailleurs, de plus en plus de points de consolidation intermédiaires se forment tout au long du trajet, « autant de capacité de stockage tampons et de souplesse supplémentaire par rapport au trajet classique poids lourds partant directement du terminal maritime », note Florian Weyer. Dernier exemple, après celle de Vierzon sera créée d’ici 2025 une nouvelle plateforme multimodale sur le site ferroviaire des Aubrais, près d’Orléans, branchée sur le port du Havre.
Florian Weyer rappelle aussi qu’« en résonance avec la politique gouvernementale qui comporte notamment la reconduction et l’augmentation de l’aide à la pince, mise en place dans le cadre de la stratégie nationale pour le développement du fret », Haropa Port a initié des dispositifs d’incitation commerciale au report modal. En septembre 2022, deux nouveaux appels à manifestation d’intérêt (AMI) ont été lancés, dont l’un concerne le transport combiné ferroviaire avec un soutien financier durant 24 mois. Le port espère ainsi « développer de nouvelles destinations ou augmenter les fréquences des services existants », rappelle Sylvain Levieux, directeur des terminaux, qui estime ainsi susciter la création de cinq services pour 2023.
La plateforme, qui a coûté près de 150 M€, a connu des débuts difficiles et sa gestion avait été épinglée en 2018 par la Cour des comptes. Mais elle semble aujourd’hui trouver sa vitesse de croisière. Loin de considérer que la réalisation de la chatière avec un accès fluvial direct à Port 2000 représenterait une solution concurrentielle, Florian Meyer estime que l’enjeu est de « développer les flux et le report modal sur tous les schémas possibles, dans une logique de complémentarité ». Et ce, dans une perspective de croissance des trafics, alors que Til/MSC a annoncé un triplement de ses volumes, qui passeraient de 1,5 à 4,5 MEVP d’ici cinq à six ans. Haropa Port vient de lancer de son côté le plan « Ambition ferroviaire 2025 », avec 15 M€ à la clé, pour établir un état des lieux du réseau ferré portuaire havrais et un schéma directeur d’amélioration de sa performance.