Le lancement des travaux n’a jamais été aussi proche. Le grand projet d’accès direct des barges fluviales aux terminaux à conteneurs de Port 2000 a reçu en février l’avis favorable de la commission d’enquête publique. Après cinq années de concertation et une enquête publique clôturée le 16 janvier, Haropa Port doit encore répondre aux réserves émises par la commission concernant les mesures compensatoires. Puis, nonobstant un éventuel recours contre l’arrêté d’autorisation des travaux, le chantier pourra démarrer. Il devrait durer deux ans et coûter 125 M€, essentiellement financés par la Région Normandie et l’Union européenne.
Ces aménagements consistent à percer deux brèches, l’une dans la digue Sud, à l’entrée des bassins historiques du port du Havre, l’autre dans la digue Nord qui protège l’accès au bassin extérieur de Port 2000. Puis à construire une nouvelle digue de 1 800 m destinée à protéger de la houle un nouveau chenal maritime de 100 m de large qui permettra à l’ensemble de la flotte fluviale d’accéder aux terminaux de Port 2000.
Car depuis 2006, année d’ouverture de Port 2000, seuls les automoteurs renforcés ou les navires fluvio-maritimes peuvent contourner la digue actuelle pour s’y amarrer. Selon Haropa Port, « ils doivent pour cela faire face à 113 jours d’indisponibilité », qui se réduiront à seulement 19 jours avec la chatière. L’ambition affichée est d’atteindre d’ici 2025 la part modale de 12 % pour le transport fluvial de conteneurs. Un conteneur sur cinq seulement à destination de la région francilienne utilise la voie fluviale.
À la suite des réserves émises par l’Autorité environnementale, le Conseil scientifique de l’estuaire de la Seine et le Conseil national de protection de la nature, Haropa Port doit encore améliorer le volet environnemental du chantier. Les mesures compensatoires dites ERC (éviter, réduire, compenser) doivent « être assorties d’objectifs opérationnels et mesurables avec des indicateurs fiables et partagés afin de s’assurer de la réalisation de chaque mesure ». Un bilan annuel de l’avancement des mesures ERC devra également être établi et transmis aux acteurs en charge du suivi de la biodiversité de l’estuaire.