Y a-t-il plus politique que les achats convulsifs de la Chine capable de faire fi de sa souveraineté énergétique, de sa stratégie d’autosuffisance agricole, de sa rhétorique communiste et de ses valeurs orientales pour satisfaire sa faim vorace de céréales, de soja, de pétrole, de charbon, de minerai de fer, de gaz naturel?
Y-a-t-il plus plastique que le vrac sec? Suffisamment robuste pour composer avec des bouleversements géopolitiques aussi rapides que déroutants entre des duopoles agressifs pour lesquels le commerce n’est pas un remède à la guerre mais une forme de bataille. Aux nerfs raclés pour naviguer dans les entrelacs de l’économie mondialisée. À même d’esquiver les jeux funestes des superpuissances économiques entre lesquelles, devenues notables des relations internationales, la guerre est impossible mais la paix improbable et la concurrence est fatale mais pas frontale.
Abonné aux montagnes russes émotionnelles, rompu aux mouvements de roulis imprévisibles et implacables, le plus volatil des segments du transport maritime entretient de tout temps un rapport heurté avec les forces du marché.
En fond de cale depuis une décennie interminable, le vrac sec sort cette fois du tourbillon sanitaire avec un horizon qui enfin s’éclaircit.
À ce moment précis de la conversation entre les grandes nations du vrac sec, des indicateurs passent au vert. Les importantes exportations de céréales des États-Unis vers la Chine, la hausse de la production brésilienne de minerai de fer, la résilience du charbon australien, la forte croissance des importations chinoises de tous les produits de base, la générosité des plans de relance publics… tout semble réuni pour donner de l’emploi aux vraquiers, dont les tarifs s’enfièvrent.
De façon irréversible, le moteur de la croissance et de la demande de transport reste l’état de santé de la Chine alors même que l’interdépendance de la planète avec le pays de Xi Jinping est considérée comme une agression.
Grand bien lui fasse, le vrac sec semble avoir neutralisé sa mauvaise fortune. Mais dans ce secteur un jour diaboliquement rentable puis un autre, dramatiquement générateur de soucis, la lecture des indicateurs n’est jamais une science exacte.