La Société béninoise de manutention portuaire se réinvente

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Face à la concurrence des sociétés internationales spécialisées, comme APM Terminals, Bolloré Ports ou encore SeaInvest, quelques sociétés parapubliques africaines résistent encore. La Société béninoise des manutentions portuaires (Sobemap), installée sur les quais polyfonctionnels du port autonome de Cotonou depuis plus de cinquante ans, en est l’un des exemples les plus manifestes. Nabil Abdoulaye Traoré, président de son Conseil d’administration, vient de rappeler tout l’enjeu du positionnement stratégique de la société parapublique, « pour demain, mais aussi les dix années à venir ». En effet, le port de Cotonou est l’objet d’une attention toute particulière de la part du gouvernement. Dans le programme d’actions du gouvernement 2016-2021, l’État a en effet prévu d’engager 650 milliards FCFA (990 M€) dans la modernisation et l’extension portuaire. Le Bénin est accompagné depuis 2018, sur le plan stratégique et opérationnel, par Port of Antwerp International (PAI). Les premiers résultats se sont concrétisés en 2019 avec l’élargissement du grand boulevard qui conduit aux différentes entrées de l’enceinte portuaire, sur lequel une voie est désormais dédiée aux camions béninois et sahéliens pour fluidifier l’accès et la sortie des terminaux.

Rendez-vous fin mai

« Face à la concurrence des sociétés privées, la Sobemap doit capter une part importante de la croissance des trafics de Cotonou », insiste le directeur général Bernard Amoussou. Ce qui exige une rationalité économique et financière relativement nouvelle pour la société, ainsi qu’une plus grande productivité et une meilleure efficacité dans sa gestion et ses opérations. Pas simple pour une société parapublique de conjuguer mission de service public, notamment en matière sociale, et des objectifs de manutentionnaire-commissionnaire-consignataire. Ce qui nécessitera d’identifier les bons partenaires et les flux les plus prometteurs.

Les résultats de ses travaux de prospective pourraient être restitués fin mai à l’occasion du Benin Investment Forum (BIF), qui consacre cette année une session spéciale aux enjeux portuaires et logistiques. Ce souci de planification est sans doute à l’origine du contrat de manutention des tronçons du futur oléoduc pétrolier signé avec l’entreprise publique. Il servira à acheminer le pétrole brut des champs nigériens d’Agadem vers le port de Cotonou avant leur exportation vers les marchés internationaux.

Un profil atypique dans le paysage concurrentiel portuaire

Société d’État à caractère industriel et commercial, la Sobemap présente un profil atypique dans le paysage concurrentiel portuaire. Initialement créée pour la manutention bord et terre des marchandises hors vracs liquides, elle perd en 1998 son monopole suite à l’ouverture de la manutention à la concurrence du secteur privé. La même année, elle obtient l’agrément de commissionnaire en douanes et, en 2004, de consignataire maritime. « Notre société représente cinquante ans de culture portuaire béninoise, rappelle Bernard Amoussou, son actuel directeur général. Elle emploie en 2020 plus de 300 agents et mobilise la force de travail de 6 092 dockers occasionnels. »

Un trafic conventionnel de 3 Mt

Propriétaire de 14 ha, la Sobemap gère des entrepôts portuaires, des opérations d’empotage et de dépotage, ainsi qu’un immense parc à véhicules, sans oublier la gestion du port sec de Porga d’une surface de 200 000 m2. Les trafics polyvalents, dont elle assure la manutention, ont franchi le cap des 3 Mt de trafics en 2019, soit une augmentation de 40 % depuis 2015. Dans le détail, riz, clinker et gypse constituent la majorité du tonnage conventionnel, auxquels s’ajoutent les engrais, en croissance continue depuis cinq ans. L’autre grand flux de la société concerne la filière automobile, qui a connu un sévère recul, de 236 212 à 46 949 véhicules en à peine quatre ans, avec cependant un léger mieux en 2019, à 69 782 unités. Ce segment est tributaire de l’ouverture et de la fermeture des passages terrestres avec l’immense marché voisin du Nigéria – et en particulier celui de la mégalopole de Lagos – situé à moins d’une journée de transit des parkings spécialisés qui jalonnent la route nationale 1 depuis la sortie de Cotonou. Dernier trafic particulièrement rémunérateur, mais toujours plus concurrentiel: le conteneur maritime. Pour autant, la Sobemap enregistre une érosion continue des boîtes manutentionnées, passées de 31 401 à 10 719 EVP entre 2014 et 2019.

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