Le secteur portuaire britannique envisage son avenir proche avec un curieux mélange d’excitation et d’optimisme.
La sortie officielle de la Grande-Bretagne de l’Union européenne le 31 janvier s’est déroulée sans incident, rendant superflues les mesures prises en anticipation, telles que des services maritimes supplémentaires et les aires de stationnement pour les camions à l’extérieur de Douvres. Cependant, un retrait sans accord reste une option à l’issue de la période de transition de 11 mois qui se terminera en décembre et au cours de laquelle les conditions du divorce vont être négociées.
Confiant, le PDG du port de Douvres, Doug Bannister, qui reconnaît avoir travaillé durement avec le gouvernement britannique tout au long de l’année 2019, assure pour sa part que tout contrôle supplémentaire se ferait en dehors du port, afin de minimiser la congestion. Il n’est pas plus inquiet pour le trafic roulier, qu’il veut « résilient », et se retranche derrière ses atouts. La porte d’entrée du sud du Royaume-Uni demeure la route la plus courte entre l’Île et le continent, bénéficie d’une densité de fréquence (60 départs par jour) et d’une certaine expérience dans la gestion des perturbations. D’autres ports britanniques se montrent tout aussi optimistes quant à « l’ opportunité » offerte par la sortie, en dépit du risque de perdre l’accès au libre-échange avec l’UE et à la cinquantaine d’accords commerciaux. Ils gagent sur la possibilité d’exploiter de nouvelles routes commerciales, sur la reconfiguration des trafics existants et sur une plus grande visibilité du pays.
Reste la question non résolue de la mer d’Irlande, Boris Johnson s’interrogeant encore sur les contrôles qui seront nécessaires pour le passage des marchandises entre la République d’Irlande et la Grande-Bretagne continentale. Un porte-parole de Stena Line, spécialiste européenne du ferry, confie pour sa part « une grande préoccupation » quant au surcroît de contrôles et le prix à payer.
Les associations portuaires – le UK Major Ports Group (UKMPG) et la British Ports Association (BPA) – continuent de réclamer des investissements pour améliorer la connectivité terrestre des ports du pays à l’hinterland, dans la perspective où ceux-ci serviraient de portes d’entrée aux nouvelles routes commerciales qui découleront des accords dans l’ère post-Brexit.
Parallèlement, le gouvernement lui-même prévoit de créer jusqu’à dix nouveaux ports francs.
Reste à savoir si le Brexit représentera vraiment « le meilleur des mondes » pour les ports britanniques ou si la trame du roman d’anticipation du même Aldous Huxley se vérifiera.