Les autoroutes ferroviaires sur les rails

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Depuis l’ouverture en 2003 de la première autoroute ferroviaire en France, une ligne de 175 km reliant en trois heures Aiton (Chambéry) et Orbassano (Turin), avec quatre rotations par jour, un mouvement s’est enclenché.

En 2007 fut inaugurée une liaison de 1 045 km ralliant en 15 heures Bettembourg et Le Boulou (à la frontière des Pyrénées-Orientales et de l’Espagne) via Dijon et Lyon, avec quatre rotations hebdomadaires. Le service affichait, selon les opérateurs, un taux de chargement moyen de 93 % avec 58 500 UTI en 2018.

Une connexion similaire existe désormais entre Calais et Le Boulou (1 470 km), dont les premiers trains ont circulé au printemps 2016 (interrompue moins de cinq mois plus tard en raison des dégradations commises sur les trains par les migrants cherchant à rejoindre l’Angleterre et relancée en février 2017). Elle bénéficie depuis l’an dernier d’un arrêt intermédiaire à Mâcon « pour offrir de nouvelles possibilités d’acheminement vers la région lyonnaise et la Suisse ».

En novembre 2018, un Calais-Orbassano entre en opération pour un trafic de remorques non accompagnées (40 remorques par train), avec cinq allers et retours par semaine. Le service sera autorisé ensuite à charger des semi-remorques frigorifiques ou de marchandises dangereuses. La quatrième ligne de ferroutage en France mais la deuxième à Calais confirme alors le port transmanche dans un statut de hub d’interconnexions mer/route/fer des flux entre le Nord et le Sud de l’Europe (en 2018, 3,6 millions d’ensembles routiers ont transité par le port de Calais vers la Grande-Bretagne).

Une 6e autoroute Paris-Barcelone?

En août dernier, l’opérateur rail-route allemand CargoBeamer recevait une subvention européenne de 7 M€ dans le cadre de la construction d’un nouveau terminal pour ces autoroutes à Calais. Elle venait à point pour ficeler le tour de table financier de ce projet, dont l’investissement requiert 32,6 M€.

Attendu pour 2022, le futur terminal de 5,7 ha, installé sur la zone de Transmark-Turquerie, sera équipé de 18 modules de transbordement automatiques capables de charger et décharger un train complet de 36 semi-remorques en 20 minutes et de 150 places de parking pour les semi-remorques. Propriétaire des lieux depuis juin 2018, CargoBeamer avait obtenu les permis de construire en avril 2019.

En février 2019, VIIA et Lorry Rail lançaient une nouvelle ligne reliant en 22 heures le terminal intermodal de Barcelone Can Tunis du groupe Alonso à celui des CFL à Bettembourg avec un arrêt à Perpignan Saint-Charles.

Le service, que les deux partenaires revendiquent comme étant « en faveur du transport de semi-remorques non-accompagnées mais qui accepte aussi quelques conteneurs », parcourt les 1 219 km au moyen de semi-remorques au gabarit P400 chargés sur des tractés par Fret SNCF et l’entreprise ferroviaire publique espagnole Renfe.

« Le Boulou étant proche de la saturation, il était nécessaire d’augmenter la capacité et de prolonger le parcours jusqu’à Barcelone », justifiait Thierry Le Guilloux. Le président de VIIA gage sur huit trains par jour vers Barcelone d’ici cinq ans.

Une 6e autoroute – Paris-Barcelone – fait actuellement l’objet d’une étude, financée sur des fonds européens. Elle s’inscrit dans le projet « Multimodal Route connecting Barcelona to Paris ». Horizon 2022.

En 2018, les cinq lignes en service avaient totalisé 106 615 unités transportées.

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