Peu importe l’énergie pourvu qu’elle permettre de gagner la blitzkrieg contre le CO2. Engagé dans une des plus grandes commandes de navires marchands au GNL, expérimentant aussi les biocarburants à base de déchets agricoles, l’armement de porte-conteneurs s’intéresse aussi à l’hydrogène. Il a annoncé début février un partenariat avec la start-up Energy Observer Développements, qui exploite Energy Observer. Complétement autonome, le bateau laboratoire est alimenté à l’hydrogène vert, produit par électrolyse à partir de l’eau de mer et via les sources d’électricité renouvelables embarquées: des panneaux photovoltaïques et les fameuses ailes Oceanwings, conçues par le cabinet d’architecture navale VPLP Design en partenariat avec l’équipementier industriel Cnim. La start-up, dont l’objet est de tester et valider différentes technologies de propulsion en mer à zéro émission de CO2, compte déjà parmi ses partenaires Toyota, Air Liquide, Delanchy, Engie ou encore Chéreau, le constructeur normand, à l’origine d’un semi-remorque frigorifique à l’hydrogène.
Dans le cadre de ce nouvel accord, CMA CGM s’engage à apporter son expertise industrielle afin de valider certaines technologies testées sur le navire-laboratoire. Le grand groupe serait notamment intéressé par des démonstrateurs sur les conteneurs frigorifiques, les ailes et les modes de stockage alternatifs pour l’hydrogène. CMA CGM accompagnera en outre la start-up dans son tour du monde en assurant la logistique de port en port.
À ce stade, l’hydrogène, qui cocherait toutes les cases en tant qu’alternative vertueuse au fuel, doit encore franchir de nombreuses étapes avant d’être un carburant crédible. Le mode de stockage du combustible à l’état gazeux est un des principaux freins. En revanche, il pourrait par exemple se substituer aux groupes électrogènes qui alimentent les conteneurs frigorifiques.
Le laboratoire flottant doit reprendre la mer, mi-février, au départ de Saint-Malo vers Tokyo, où il est attendu pour les Jeux olympiques.
Sa dernière expédition remonte à juin 2017. Le catamaran avait alors parcouru plus de 18 000 milles nautiques et testé ses technologies dans des conditions extrêmes.
Dans la version 2020, le catamaran embarque une pile à combustible de série de Toyota, pour tester sa résistance à la corrosion en mer. La surface de panneaux solaires a été augmentée. Des hélices prototypes seront par ailleurs éprouvées.