Bons baisers d’Anvers

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« Les belges et Anvers vous remercient », nous a fait parvenir avec un smiley le dirigeant d’une major du pétrole, en réaction à notre couverture de l’embrasement qui s’est de nouveau emparé des quais portuaires français. Au diable le fair-play belge, place à la concurrence dans son plus simple appareil. Il faudrait presque se sentir flatté d’une telle marque de considération exprimée par un ressortissant de ce port flamand, leader européen jamais contesté, que l’on a toujours considéré comme la première place portuaire française. S’il ne s’agissait que de railleries taquines entre voisins pour laver l’honneur d’un peuple belge écrasé par l’arrogance ancestrale des Français et sa volonté d’annexer jadis ses principautés, il faudrait en rire.

Mais la France vogue sur une mer en colère et saccage ses grands mâts en faisant de ses ports des pétaudières latines. Ce dont personne ne se réjouit. Surtout pas la vaste communauté de la chaîne logistique, qui s’estime ballotée de façon cavalière par une « affaire » qui vire à l’affrontement dual entre deux parties inflexibles refusant de lâcher du lest, qui sur un tabou qui sur un totem.

Dans l’immédiat, l’équilibre comptable d’un édifice qui doit s’assigner des objectifs financiers, en glosant sur la croissance pour ne pas mettre les retraités sur le flanc, est sans doute loin de leurs préoccupations quotidiennes.

La gravité, terme qui a retrouvé ces derniers jours une certaine notoriété, est ailleurs. Les ports français, ces grands corps malades de la France, terrassés pendant des années par une culture du blocage social à répétition et l’absence chronique de fiabilité, semblaient avoir éradiqué leurs vieux démons pour redevenir fréquentables et accéder à la respectabilité (la confiance de leurs clients, chargeurs et armateurs). Les voilà de nouveau renvoyés au spectre du passé.

Des années après plusieurs rapports des comptes, une réforme portuaire et alors qu’une stratégie de relance portuaire est en cours d’écriture, il faut croire que le sujet est donc loin d’être épuisé. La marche vers la crédibilité est un long fleuve intranquille.

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