Quatre ports normands, Dieppe, Caen-Ouistreham, Cherbourg et Le Havre, sont à la manœuvre sur le segment central du marché roulier transmanche. Ils font transiter bon an mal an 2 millions de passagers et 200 000 camions. Les trois premiers sont réunis sous la houlette de Ports de Normandie, propriété de la Région Normandie que préside Hervé Morin. Chacun est géré par une entité locale où s’expriment des personnalités et des stratégies différentes mais complémentaires. Une DSP est en place à Caen-Ouistreham (CCI) comme à Cherbourg (CCI et Louis Dreyfus Armement). À Dieppe, c’est une formule de régie autonome qui a été retenue.
Point commun pour tous les quatre en 2019, ils ont connu un exercice sous tension du fait des incertitudes liées au Brexit. Les pouvoirs publics français s’étaient préparés à l’hypothèse d’une sortie sans accord plaçant le Royaume-Uni en situation de pays tiers vis à vis de l’Union européenne.
Sauf au Havre, où elles existaient déjà du fait de la dimension mondiale de ses trafics, il a fallu mettre en place les structures administratives pour accueillir les services des douanes, de police aux frontières, d’inspection avec le Poste d’inspection frontalier (PIF) et le Point d’entrée communautaire (PEC), pour les contrôles sur les produits phytosanitaires et sur les marchandises dangereuses.
Trafic de cheval
Des aires de stationnement supplémentaires ont été aménagées afin de faire face à des temps de passage accrus, du fait des contrôles, pour les voyageurs et les véhicules. Pour les Ports de Normandie qui, dans l’hypothèse d’un Brexit dur, lorgnaient sur un surcroît de trafic issu d’une congestion sur le détroit, la facture s’est élevée à 3 M€. Ceci à raison de 500 000 pour Caen-Ouistreham, autant pour Dieppe et 2 millions pour Cherbourg.
Fin décembre, l’épithète « dur » s’est estompé et la probabilité d’une sortie le 31 janvier s’est confortée, laissant augurer d’une année 2020 moins tendue. Les opérateurs portuaires transmanche normands en sont alors venus à considérer certains de ces équipements comme des outils susceptibles d’améliorer la sûreté et le confort du passage portuaire. Voire de favoriser le développement de trafics de niche, comme celui de ces chevaux reproducteurs qui transitent par Dieppe pour aller en Angleterre accomplir leur mission, puis rentrent chez eux en Italie par le même chemin.