Les plus grands investissent l’économie circulaire

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Importateur par voie maritime notamment de butadiène et de charbon, exportateur d’élastomère de synthèse, l’entreprise Simorep &Cie (groupe Michelin), un des clients majeurs du port de Bordeaux, basé à Bassens, a ouvert le bal de l’écologie industrielle il y a plus de dix ans maintenant. Relié par pipeline aérien à son voisin, la SIAP, un centre de traitement des déchets spéciaux industriels, Michelin dispose, pour se fournir en énergie, d’un système de récupération des vapeurs générées par l’incinération de ces déchets. Un coup double pour les deux sociétés, l’une valorisant ses vapeurs, l’autre diversifiant ses sources d’énergie à moindre coût, toutes deux participant à une réduction des émissions de CO2. De même, sur le site de Michelin à Bassens, un autre projet d’envergure en R&D est en cours. Fin 2019 sera amorcée la construction du premier démonstrateur industriel en France de production de butadiène à partir d’éthanol biosourcé. Expérimental, initié en 2012, ce projet dénommé BioButterfly, associe IFP Énergies Nouvelles et Axens. Il représente un investissement de 70 M€ porteur potentiellement d’une vingtaine d’emplois. Son objectif : tester de l’éthanol issu de toutes sortes de biomasse, dont celui de 2e génération fabriqué à partir de résidus forestiers ou agricoles (pailles, copeaux de bois…). Pour l’industriel Michelin, ce démonstrateur, dont la construction sera achevée fin 2020, ouvre la voie à une production future de caoutchoucs synthétiques innovants, non issus de la pétrochimie et plus respectueux de l’environnement.

De la graine au biocarburant chez Saipol

Importateur de graines de colza et exportateur de tourteaux, un autre client majeur du GPMB (5 à 6 % de l’activité portuaire), l’industriel Saipol du groupe Avril, producteur d’huile de tournesol et de colza, a pris le virage de l’économie circulaire en 2013. L’industriel a ainsi investi, lors de son déménagement sur le site portuaire de Bassens, 32 M€ dans une unité de décorticage de graines de tournesol, dont les résidus, les coques, incinérées, alimentent désormais une chaudière biomasse. « Une partie de leur production d’huiles sert également à alimenter leur voisin, Diester Industries, producteur de biocarburants. Il est relié par pipe aux dépôts pétroliers de Bassens et d’Ambés, DPA et EPG, qui eux-mêmes génèrent des trafics d’exports maritimes », indique Thibault Guillon, du Grand Port Maritime de Bordeaux. « C’est un bel exemple de toute une chaîne de valorisation entre industriels. »

Recyclage de ferrailles chez Derichebourg

Exportateur de ferrailles par voie maritime, Derichebourg-AFM Recyclage assoit sa présence à Bordeaux. « Nous essayons de développer l’export maritime de nos ferrailles, porteur en termes de réduction carbone par rapport au routier, mais également par volonté de différencier nos marchés à l’international », pose Vincent Laval, directeur opérationnel de Derichebourg. L’industriel génère 300 000 t d’exports maritimes de ferrailles, depuis Nantes, La Rochelle et Bordeaux vers les aciéries d’Espagne, du Portugal, de Grèce, de Turquie… Installée historiquement à Villenave d’Ornon, la société a, au fil des ans, fait migrer son activité dans la zone portuaire de Bassens jusqu’à un déménagement définitif en juin dernier. Elle y dispose désormais d’un site de 7,5 ha, d’un quai de chargement fluviomaritime et d’une plateforme de 70 000 m2 modernisée. Fruit d’un investissement de 41 M€, le site s’est vu doté, pour son activité de cisaillage d’objets métalliques lourds, d’un équipement performant : un méga-broyeur capable de traiter 120 000 t/an et une cisaille de 60 000 t/an. L’opérateur de services aux entreprises et aux collectivités dans l’environnement y a également installé la première plateforme en France de recyclage de ballons d’eau chaude afin d’extraire les gaz fluorés comprimés dans les mousses d’isolation. Avec l’activité de recyclage des réfrigérateurs, la valorisation des déchets d’équipements électriques et électroniques (D3E) pourrait avoisiner les 15 000 t/an à Bassens. Elle mobilise 24 salariés en sus des 40 employés de l’activité cisaillage. « La ferraille est un produit qui a toujours été recyclé, mais les technologies, elles, évoluent. Ceci permet d’augmenter les volumes ou de générer de nouveaux sous-produits, comme pour l’extraction des gaz des ballons d’eau chaude transformés en granulés dont l’incinération est source d’énergie », détaille le représentant de Derichebourg, qui table sur une augmentation de ses volumes de ferrailles et de ses exports maritimes.

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