« Gioia Tauro est plongé dans le coma, il faut agir et vite! » répètent alarmistes les syndicats portuaires. Entre 2016 et 2018, le port situé dans la région de Calabre est passé de 2,80 à 2,29 MEVP (– 4,5 %), après un passage à vide entre 2016 et 2017 où il avait dévissé de 14 %. Dans ses meilleures années, le terminal a géré un trafic de l’ordre de 3,5 MEVP.
Une Zone économique spéciale (ZES) avait été créée en janvier 2018 pour relancer les investissements privés dans ce le port placé sous tutelle administrative depuis plusieurs années après qu’une enquête a révélé son emprise sous la mafia calabraise Ndrangheta. L’emploi y a en outre souffert (377 dockers) après les coupes sévères en 2017 opérés par le consortium qui contrôle le Medcenter Container Terminal (MCT), composé par l’armateur italo-suisse MSC via sa filiale portuaire Til, et de Contship-Italia (groupe Eurogate).
Une chose est au moins réglée. Longtemps en désaccord sur la stratégie à opérer et les investissements à y concéder, les deux anciens partenaires ont réglé leurs différends par un accord. L’armement italo-suisse, contrôlé par la famille Aponté, a racheté les 50 % détenus par Contship Italia, filiale des opérateurs allemands Eurokai (83,3 %) et BLG (16,7 %). Dans la foulée de l’accord, MSC, exclusif usager de l’installation, où escalent notamment ses mégamax du service 2M Jade/AE11, s’était engagé à investir 140 M€ les deux prochaines années.
MSC a commandé six portiques navire-terre de la taille d’un mégamax à Dalian Huarui Heavy Industry. Pour permettre au port spécialisé dans le transbordement de retrouver sa vocation initiale, des travaux d’aménagement des terre-pleins sont prévus
Les opérateurs et les collectivités institutions locales entendant sortir de la tutelle administrative, qui bloque les grandes décisions.
Pour renouer avec les années fastes, les collectivités locales proposent, quant à elles, de renforcer le réseau ferré en direction du sud de l’Italie et de l’Europe et diversifier davantage les trafics, notamment le roulier. Le plus grand opérateur à faire escale au port aujourd’hui sur ce segment de trafic est Grimaldi, qui exploite l’installation sur ses différents services Europe-Med et Afrique de l’Ouest. « Outre le développement du ro-ro, il faut envisager un terminal de regazéification de GNL, une forme de radoub pour des navires de plus de 350 m ainsi qu’à des installations adaptées pour traiter des conteneurs reefers », énumère Francesco Russo, vice-président de la région de Calabre.