Concurrents oui, mais pas ennemis. Si Gênes et Trieste rivalisent, cela ne veut pas dire pour autant qu’ils sont prêts à se faire la guerre. « Nous avons chacun nos spécialités et nos spécificités », déclare Zeno D’Agostino, président de l’autorité portuaire de Trieste. « Nous sommes les premiers ports italiens de conteneurs, mais nous pourrons toujours mieux faire », affirme pour sa part Paolo Emilio Signorini, aux commandes du port génois en 2016.
Selon ce qu’a rapporté la presse spécialisée italienne, Gianluigi Aponte, fondateur de MSC, le numéro 2 mondial du transport conteneurisé, ne considérerait pas quant à lui Gênes et Trieste comme des hubs portuaires capables de desservir les marchés de l’Europe centrale. À Gênes, qui devrait boucler l’année avec un volume de 2,7 MEVP, en hausse de 4 % par rapport à l’an dernier, les trois alliances qui contrôlent la majorité des flux maritimes de conteneurs – Ocean Alliance, THE Alliance et 2M – ont renforcé leur présence. Malgré les difficultés liées à l’effondrement du pont Morandi en août 2018, elles ont refusé de déplacer leurs trafics vers d’autres ports comme La Spezia. Face à l’impossibilité de créer un grand hub à Gênes faute d’espaces, MSC aurait l’intention d’investir 250 M€ dans un hub intermodal à Cortenuova, aux portes de Bergame en Lombardie. L’idée serait de créer un couloir autoroutier sur les 130 km qui séparent Gènes et Cortenuova. Les poids lourds transportant les conteneurs qui l’emprunteraient n’auraient pas à en sortir.
Priorité au rail
À Trieste, où le port a engrangé 400 000 EVP durant le premier semestre, en augmentation de 13,3 %, la priorité est donnée au rail. En effet, 40 % des flux de conteneurs avec l’hinterland sont acheminés via le réseau ferré. Trieste compte sur China Communications Construction Company pour le projet Trihub, qui doit renforcer le triangle ferroviaire Frioul-Vénétie-Julia, développé avec l’autorité gestionnaire du système ferroviaire italien RFI. Un autre chantier concerne la construction et la gestion d’un terminal intermodal à Kosice en Slovaquie. Il permettra « d’organiser la logistique au départ du port de façon à stimuler les exportations des produits italiens vers la Chine ». Le port adriatique entend ainsi profiter de sa position géographique pour être un hub logistique en Europe centrale.
Aussi, un contrat a été signé en juillet dernier entre le gouvernement hongrois et deux groupes privés, Teseco et Seastock, pour la construction et l’exploitation d’un terminal polyvalent dans la zone des Noghere, à proximité de Trieste, et desservi par le réseau ferré. Le gouvernement hongrois va créer une société publique pour cette opération et financera le coût des travaux, estimé à 100 M€.