Bénéficiant d’une avance sur ses concurrents directs que sont Anvers et Hambourg, le premier port maritime européen (14,5 MEVP) s’arroge une part de marché croissante qui s’est étoffée à 32,3 % cette année contre 31,2 % en 2018. Loin devant Anvers (27 %) et Hambourg (19 %).
Le phénomène des alliances, la reprise de Hamburg Süd par Maersk tout comme la taille croissante des porte-conteneurs sont des aubaines pour le port néerlandais, dont un tiers du trafic provient du conteneur (un quart voici dix ans). « Les nouvelles liaisons mises en place par ces alliances sont bénéfiques pour les trafics », se réjouit un porte-parole du port. Ainsi, les liaisons directes entre Rotterdam et le port chinois de Nansha ont été multipliées par deux l’été dernier avec le nouveau service lancé par 2M. Elles complètent celles déjà mises en place par Ocean Alliance.
Avantage concurrentiel majeur à ce jour, la profondeur des bassins permet d’emblée de bénéficier d’une exclusivité en Europe pour traiter les méga porte-conteneurs, tel le MSC Gülsün (23 756 EVP), qui y a fait escale en septembre dernier. « Cette tendance est également profitable à la position concurrentielle de Rotterdam », confirme Hans Nagtegaal, directeur du port néerlandais en charge du trafic conteneurs. « Nos infrastructures – tirant d’eau et grues de grande capacité – sont dimensionnées pour que des navires jusqu’à 30 000 EVP puissent accoster ». Sans compter l’étendue de son offre de services avec ses six terminaux dédiés pour le trafic deep sea dans le Maasvlakte 2 et le short sea dans les autres zones portuaires.
Suprématie néerlandaise
Leader européen, le port est en train de s’imposer sur le plan de la numérisation. Cinq armateurs de premier rang du secteur conteneurisé (Maersk, MSC, CMA CGM, Hapad-Lloyd et ONE) coopèrent désormais avec la société d’exploitation du port pour la mise en place de standards communs dans le cadre de la digitalisation de leurs activités.
Rotterdam a les coudées franches pour rayonner à l’international. Complétant sa panoplie d’accords au cours des derniers mois, le port néerlandais a pris ses marques en Amérique du Sud grâce à un partenariat avec le gestionnaire du canal de Panama et avec le port brésilien de Pecém. En Chine, il a signé une convention avec Guangzhou. Un protocole d’entente doit être prochainement finalisé avec un autre port asiatique. Pour l’autorité portuaire néerlandaise, c’est l’hinterland qui sera le nouveau marqueur de la concurrence. « Un port n’excelle que par la profondeur de son hinterland qui lui permet de pénétrer le plus loin possible. Ce qui est le cas de Rotterdam ».