La conteneurisation, remise en cause dans ses fondements?

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Donald Trump a changé la donne. Par ses décisions déclenchant une guerre commerciale sans précédent, le président élu de la droite conservatrice et libérale américaine a tordu l’un des fondements de l’économie américaine, le libre-échange, qu’elle a pourtant largement imposé au reste du monde. Le libre-échange s’est matérialisé par l’importation massive de produits manufacturés, en partie pilotée par les délocalisations des multinationales américaines. En 2017, 20 MEVP pleins sont entrés dans les ports américains pour seulement 11,5 MEVP en sorties. Pour les Américains, le libre-échange se traduit d’abord par un déficit économique évident. Le transport maritime repose depuis quatre décennies en partie sur ce système.

Riche de ses hydrocarbures, son agriculture, ses technologies, sa puissance financière et son industrie de l’entertainment, le continent américain a délaissé une grande part des secteurs manufacturiers. L’éclatement de la bulle Internet dans les années 2000 a exacerbé le phénomène. Pour relancer son économie, l’administration américaine a choisi le crédit facile avec des produits manufacturés importés à bas coûts, devenus hors de contrôle avec l’adhésion de la Chine à l’OMC en 2002. Outre la colossale crise en 2008, les choix de Washington ont surtout provoqué un redoutable enchevêtrement sino-américain.

Depuis quatre décennies, le libre-échange américain est rongé par deux vices, le déficit commercial et budgétaire. Les bons du Trésor achetés hier massivement par le Japon et maintenant par la Chine lient ainsi d’une manière pernicieuse fournisseurs et acheteurs, emprunteurs et prêteurs.

Conflictualité illogique

Avec la Chine, le lien dépasse le simple rapport commercial et financier pour créer une interdépendance d’autant plus particulière que les rapports géopolitiques entre les deux pays sont extrêmement tendus. La Chine est une destination des exports américains de produits agricoles, aéronautiques, énergétiques (GNL) et automobiles. Au-delà, il y a aussi l’interaction entre les nouvelles technologies, les terres rares et la fabrication d’origine chinoise, les innovations et les process de source américaine. Compte tenu de ce niveau de dépendance relativement complexe, la conflictualité ne paraît pas « logique ».

Les Américains perçoivent bien la prédation du Made in China sur leur économie et leur emploi et l’électorat de Donald Trump, encore davantage. En plusieurs vagues, le président républicain a engagé des sanctions commerciales sous la forme de relèvements des droits tarifaires.

La Chine fournit la moitié du commerce conteneurisé entrant aux États-Unis et l’industrie du conteneur ne peut s’en passer. En 2018, la route transpacifique n’en a pas été impactée (+ 8,3 %), par effet d’anticipation. Mais sur les neuf mois de l’année en cours, la croissance n’était plus que de 0,5 % (en glissement annuel).

Les exportations vers les États-Unis représentent 4 % du PIB chinois, 17 % de son commerce international et 24 % des conteneurs pleins. La Chine est donc sensible aux sanctions. Elle y a en partie répondu en divisant par trois ses imports de soja (36 à 13 Mt).

C’est moins vrai dans l’autre sens. Les ventes à la Chine pèsent 8 % du commerce extérieur américain et 1 % de son PIB. Mais en année électorale, les intérêts américains liés au marché chinois pèsent aussi. Ce marché est incontournable pour l’agriculture américaine, formatée pour l’export. La guerre commerciale plombe aussi les perspectives des exports de GNL, en chute depuis la fin 2018. L’Asie du Sud-Est a commencé à suppléer une partie de la production chinoise. Car pour l’instant, la réindustrialisation massive américaine reste une hypothèse.

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