Travailler dans le maritime est un choix délibéré de votre part?
Pauline des Vallières: Je dirais un choix saisi lors d’un cours de géographie en Khâgne quand j’ai découvert que 90 % de ce que nous utilisions quotidiennement avait été transporté par la mer. Un monde s’est alors ouvert à moi. J’ai enchaîné mes deux années de classes préparatoires avec une licence de géographie où j’ai choisi toutes les options qui se rapportaient à l’océan, avant de me spécialiser en master sur le shipping. J’ai prolongé mes études par un autre master en développement durable. J’ai toujours été persuadée que les questions environnementales et sociétales touchaient en plein cœur le transport maritime. J’ai ensuite effectué mes stages avec les experts techniques chargés d’analyser les sinistres maritimes de la branche marine d’AXA CS. J’ai rejoint ensuite CMA CGM afin de travailler sur les questions environnementales (émissions de CO2, de soufre, gestion des déchets à bord). J’y ai découvert comment un navire fonctionne de la salle des machines à la passerelle et j’ai compris que c’était la clef pour être crédible en tant que non marin. J’ai ensuite appris le courtage maritime chez Barry Rogliano Salles, où j’ai pratiqué le métier sur les navires offshore pendant cinq ans, en plein crise pétrolière. Je suis désormais chez Scor en tant que souscripteur marine depuis deux ans. Au gré de ces expériences, je n’ai cotoyé que des passionnés.
Appartenir à une association, qui œuvre pour que la femme soit mieux représentée, est manifestement important pour vous puisque vous adhérez à Wista.
P.d.V.: J’adhère à Wista pour des raisons professionnelles mais il est vrai que la mixité entre les hommes et les femmes est essentielle. Et le transport maritime, tout comme d’autres bastions techniques, souffre d’un déficit d’image auprès des jeunes femmes qui entrent sur le marché du travail. Il faut du temps pour changer les regards et que les actions « militantes » portent leurs fruits. Notre relative discrétion médiatique contribue aussi à nourrir l’image d’un secteur très peu féminisé. Comment intéresser la jeunesse au transport maritime? Par quel canal? Faut-il que je lance un compte Instagram « I love shipping »?
Comment qualifieriez-vous les heures que vit actuellement votre secteur?
P.d.V.: Capital du point de vue de l’environnement et challengeant, tant les risques sont nombreux, étant donné les tensions géopolitiques, les sanctions internationales et les réglementations environnementales. Être assureur maritime, et qui plus est dans un groupe de renommée internationale, c’est être au cœur de l’économie mondiale. On contribue à protéger les « assets » de centaines d’armateurs à travers le monde, sans lesquels l’économie ne pourrait pas tourner.
Que peut apporter une « façon de faire » féminine?
P.d.V.: Un meilleur dialogue? Je pense qu’être une femme aide à créer du liant, à vulgariser un langage technique et à sensibiliser ses collègues sur des sujets moins commerciaux de prime abord, comme la problématique environnementale par exemple…
Finalement, diriez-vous que le transport maritime est « genré »?
P.d.V.: Parce qu’il y a une majorité d’hommes? Non, je ne crois pas. Le transport maritime est d’abord et avant tout un monde de passionné(e)s.
Scor est le 4e réassureur mondial (15,3 Md€ de CA et 44,4 milliards d’actifs en 2018, 38 implantations, 2 890 collaborateurs).