Avec l’ouverture de la troisième écluse du canal de Panama, qui portait la promesse de transformer en profondeur le paysage portuaire de la Caraïbe, les principaux ports se sont équipés en conséquence pour recevoir des gabarits plus importants. « Dans ce contexte de développement, les ports de Saint-Martin disposent d’un potentiel de développement de leurs trafics » affirmait en 2016 la Chambre territoriale des comptes de Saint-Martin. Alors que la partie hollandaise a fortement investi dans ses infrastructures en accroissant notamment son tirant d’eau et en consolidant ses activités, rien n’a été fait du côté français et le fossé s’est creusé. Le transbordement, qui représentait 20 % du trafic dans les années 2000, est aujourd’hui passé à 80 %, le positionnement géographique du bassin caribéen en faisant une étape idéale pour les grands navires.
Gouvernance portuaire à revoir
L’agrandissement du port de Galisbay, dont il est question depuis plusieurs années, est une opération compliquée qui doit se dérouler en deux étapes. La première doit réaliser le dragage du port afin d’en augmenter la profondeur. Une opération estimée à 46 M€. Ces travaux sont prévus pour durer deux ans. La deuxième étape concerne la construction d’un terre-plein de 60 000 m2, soit quatre fois la surface du terre-plein actuel. À cela s’ajoute la construction d’un quai de plus de 200 mètres, un chantier dont le coût est estimé à 100 M€. Enfin, le périmètre du port et ses voies d’accès doivent être réaménagés. En septembre 2018, la Banque européenne d’investissement (BEI), plusieurs banques régionales et l’Agence française de développement ont laissé entendre qu’elles pourraient contribuer financièrement à la concrétisation de ce projet. Mais pour la Chambre territoriale des comptes, cette opération ne peut pas faire l’économie d’une réforme de la gouvernance portuaire au préalable, indispensable au développement de la structure de Saint-Martin. Elle a préconisé l’entrée dans le conseil d’administration de personnalités issues des milieux économiques et portuaires ainsi que la formation d’un conseil pour le développement portuaire.