Les deux ports languedociens accusent le coup. Sète enregistre 22 000 t en 2018 (27 000 t en 2017), « sachant que le tonnage moyen était auparavant d’environ 80 000 t », indique le port héraultais. En cause: la concurrence des blés étrangers, plusieurs mauvaises années de production, un hinterland peu attractif par rapport à ceux de Port-la-Nouvelle ou de Fos-sur-Mer, « et des arbitrages de groupes peu favorables », liste Arnaud Rieutort, directeur commercial de l’EPR Port Sud de France, gestionnaire du port. « Sète est désormais davantage tourné vers le fonctionnement de l’usine de trituration exploité par Saipol, qui génère peu d’exportations de céréales, et importe du colza », précise Hervé Cifaï, PDG des Silos du Sud, filiale d’Axéréal, qui gère l’activité, avec trois silos d’une capacité totale de 75 600 t.
À Port-la-Nouvelle, la campagne céréalière a été « historiquement mauvaise » avec seulement 190 000 t exportées (blé dur à 80 %), provenant « d’un triangle Béziers-Perpignan-Cahors ». Un tonnage à mettre en perspective avec son niveau traditionnel, plutôt autour 450 000 t. La chute brutale s’explique par de fortes pluies, génératrices de mycotoxine. « Les céréales détériorées par les pluies ont été déclassifiées en alimentation animale et sont parties directement par voie routière vers l’Espagne, sans transiter donc par le port de Port-la-Nouvelle », ajoute-t-il.
Trois personnes ont été affectées au contrôle qualité et aux analyses « afin de garder notre crédibilité vis-à-vis de nos cibles, le Maghreb, l’Italie et la Grèce, quitte à perdre en volume ». La concurrence internationale « très virulente » – canadienne et mexicaine pour le blé dur, mer Noire pour le blé tendre et l’orge – est une autre raison évoquée.
Espoir placé dans les travaux
La parade réside « dans la qualité, avec une traçabilité optimale. Nous avons en France les matières les plus tracées au monde, avec beaucoup moins de produits phytosanitaires que dans les autres pays. Il faut en faire une force. » La proximité des pays acheteurs reste par ailleurs un atout structurel qui entretient l’optimisme de Hervé Cifaï sur le long terme.
Les investissements programmés par la Région Occitanie, le Grand Narbonne et le Département de l’Aude pour l’extension du port de Port-la-Nouvelle pourraient intéresser Les Silos du Sud, mais il faudra attendre 2025. « La première tranche de l’extension concerne l’éolien offshore flottant, explique Hervé Cifaï. À terme, nous pourrions charger des navires de plus grande taille et développer l’importation d’alimentation animale. Dès qu’un port peut accepter des navires de grand gabarit, on peut toucher le monde entier. » Pour la campagne en cours, les Silos du Sud espèrent retrouver un volume de 450 000 t suite aux bonnes récoltes. « Mais nous démarrons à peine, et après la mauvaise campagne passée, les négociants et les coopératives stockent d’abord chez eux », pointe Hervé Cifaï.
Sète et Port-La-Nouvelle
190 000 t
1,5 % des exportations de céréales françaises par voie maritime