Si le « monde » ne fait pas d’ici là une overdose de la « smart data » qui le contraindrait à la « data diet », sans doute être un « smart port » ou une « smart city » sera un bénéfice pour tous si l’un ou l’autre (l’un et l’autre) parviennent à imaginer un modèle de société post-carbone. C’est du moins ce qu’affirment les experts de la ville dite intelligente – data scientists, scientific adviser et autres chercheurs – croisant leurs réflexions sur les thématiques des villes globales au sein d’un monde de plus en plus digitalisé… Et, toujours d’après eux, au sein du (futur) écosystème des « smart cities », les « smart ports » devraient être une caste particulière pour ne pas dire supérieure…
La réalité est sans doute plus mouvante. Pour l’heure, une lente « révolution » est à l’œuvre dans les ports français. Et il n’a pas échappé aux plus grands d’entre eux que l’appropriation d’outils numériques ultrasophistiqués est un moyen comme un autre de récupérer un peu de pré carré face aux grandes places européennes – Anvers, Rotterdam ou Hambourg – qui ont perçu très vite que la numérisation pouvait être un gage d’efficacité en termes de planification de l’arrivée des navires, de temps à quai et de productivité du chargement et du déchargement.
L’automatisation, qui fait l’objet d’une enquête dans ce magazine, est l’autre grande mutation qui touche les ports. Elle se fera sans doute moins facilement. Un fournisseur de technologies d’automatisation prévoit que le nombre de ports automatisés approcherait la centaine d’ici 2020. S’il est difficile de savoir avec précision combien le sont aujourd’hui, il y a de fortes probabilités pour qu’ils soient plus nombreux demain, quand bien même subsistent les débats sur la productivité réelle ou supposée, sur le risque trop élevé au regard de la volatilité des volumes et des routes ou encore de l’exposition aux cyber-risques.
Les chantres de la technologie se mettent déjà à rêver à un monde où l’automatisation et le traitement des données en temps réel entre les acteurs portuaires convergeront avec l’intelligence artificielle et la logistique prédictive. Et là, le port « patché » d’objets connectés comme une coccinelle émettra du sens dans tous les sens. Encore faudra-t-il que les autorités portuaires soient promptes au partage de données. Le port n’en fera qu’à sa diète.