« Ce sera une mandature axée sur la protection de l’environnement », promet Jean-Marc Forneri, le président du conseil de surveillance du GPMM, à l’issue de la tenue de son conseil fin juin, qui a validé un plan de 20 M€ (avec l’apport de l’État et des collectivités territoriales) généralisant la prise à quai électrique pour tous les navires à passagers à l’horizon 2025. « C’est vraiment la solution quand les navires sont à proximité des populations car c’est zéro SOx (oxydes de soufre), zéro NOx (oxydes d’azote), zéro CO2, zéro particules et accessoirement, zéro vibrations », plaide Hervé Martel. « Dès à présent, avec ce nous proposons depuis deux ans avec La Méridionale, c’est déjà 10 à 15 % de pollutions en moins ». Sous la précédente « mandature », Christine Cabau-Woehrel avait en effet enclenché le process. Limitée à trois navires de La Méridionale, l’alimentation électrique à quai n’en était pas moins une première en France et en Méditerranée. Hervé Martel veut, pour sa part, aller au-delà de la réglementation (peu contraignante au demeurant, la Méditerranée ne faisant pas encore l’objet d’une zone d’émissions contrôlées, Eca, comme les mers au Nord). Selon le planning, les navires qui desservent la Corse doivent être embranchés dès cette année sur l’ensemble de leurs points d’escale (ceux de Corsica Linea s’ajoutant donc à ceux de La Méridionale), sur les plus petites des formes de radoub dès 2020, sur les futurs quai du terminal ferry Maghreb (qui doit être déménagé) à partir de 2021 et sur les grands bassins de la réparation navale (porte 4) d’ici 2022 et le terminal croisières du môle Léon-Gourret entre 2022 et 2025.
Verte mais à quel prix?
100 % des navires ayant la possibilité d’un accès à l’électricité à quai ne signifie pas pour autant qu’il y aura 100 % des navires branchés à quai. Le port achète pour l’heure (avant d’en produire lui-même à partir de ses toitures photovoltaïques, assure-t-il) à Enedis de l’électricité verte et la revend, selon la direction, à un prix « acceptable, de l’ordre de 6 à 7 % plus cher ». Le conseil de surveillance table sur un objectif de 50 % des navires « branchés » accostant aux bassins Est (2 100 de navires à passagers par an) aux termes de son plan. Il y aura avant cela quelques difficultés à relever car les infrastructures électriques du port sont mises à rude épreuve par le niveau de puissance exigé. Il s’agira donc à la fois d’augmenter la puissance, de convertir la fréquence hertzienne de 50 en 60 Hz (norme américaine pour les paquebots) – nécessitant au passage quelque 7 M€ d’investissements –, et surtout assurer sans interruption. La pollution générée par les paquebots est devenue un sujet extrêmement sensible à Marseille. Une énième étude, publiée le 4 juin dernier par l’ONG Transport &Environnement, plaçait le port à la 8e place des 150 les plus pollués en Europe.