Une politique européenne portuaire et maritime cohérente?

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Le mandat de la Commission européenne arrive à sa fin. Bientôt il y aura une nouvelle Commission. La question « qui va prendre quel poste » nous occupera sans doute encore quelques mois, mais ce sera plus important de savoir: quelles orientations vont guider les politiques européennes?

Que serait une politique cohérente de l’UE en matière de transport maritime? Trois suggestions.

En premier lieu, une vision stratégique. Le transport maritime est un outil qui doit faciliter les exports et imports des entreprises. Il n’y a rien de fondamentalement répréhensible à soutenir un secteur, pour autant qu’il est considéré comme stratégique. La question centrale est donc: pourquoi le transport maritime serait-il stratégique pour l’Europe? Que veut « expédier » l’UE, pourquoi et comment? Et si on continue l’Europe veut subventionner le secteur, sous quels conditions environnementales et sociales? Le simple fait d’appuyer une industrie ne forme pas une stratégie.

Deuxièmement, surmonter les contradictions internes. Pour certains, l’essence de l’UE est le marché unique; pour d’autres, il s’agit d’une réglementation supranationale. Ces orientations peuvent aller de pair mais elles peuvent aussi être en conflit. C’est le cas dans le maritime: la politique portuaire européenne concerne la concurrence alors que sa politique maritime, la compétitivité. Cela a conduit à une concentration dans le transport maritime mais à une fragmentation dans le secteur portuaire. Il faudrait donc un rééquilibrage en termes de la politique de concurrence pour toute la chaîne de transport maritime.

Troisièmement, se concentrer sur les vrais enjeux. Une évidence mais pas une réalité. Comment se comporter à l’égard du gigantisme des navires, qui conduit à la consolidation des armateurs et à l’entente commerciale, contraire au principe de la libre concurrence? L’Europe s’est montrée remarquablement muette à ce sujet. Quelle attitude à l’égard des grandes puissances? L’asymétrie dans la relation avec le géant chinois est étonnamment claire. Il a défini ses points d’entrée cruciaux en Europe, a acheté certains de ses ports et tente de faire payer à l’Europe la connexion avec l’hinterland. Par contre, les opérateurs de terminaux européens ne détiennent pas une seule part majoritaire dans aucun port chinois.

Formuler une ambition maritime commence par considérer l’ensemble de ses composantes (transporteurs, chargeurs, autorités et opérateurs portuaires…) pour écrire une politique qui soit basée sur les besoins réels du secteur et non conçue dans les coulisses politiques pour satisfaire les fiefs locaux. Une politique qui ambitionnerait par exemple de rendre la supply chain européenne la plus fluide, verte, rentable, orientée client et innovante au niveau mondial. Et agir en conséquence…

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