On en parle depuis des décennies. Le projet de la liaison ferroviaire Lyon-Turin vise à favoriser le report modal de la route vers le rail pour les marchandises et à mettre Turin à deux heures de Lyon pour les passagers. Il comprend trois sections, une en France (entre Lyon et Saint-Jean-de-Maurienne) et deux lignes fret et voyageurs en Italie (entre Orbassano et la gare de Turin, et entre Chiusa San Michele et la future gare internationale de Suse). Entre les deux, le tronçon transfrontalier comprend notamment la réalisation d’un tunnel de 57 km sous les Alpes. Le projet est chiffré à 18 Md€, dont 8,6 Md€ pour le tunnel central, 7,7 milliards pour les voies d’accès côté français et 1,7 milliard côté italien. Plus de 2,5 Md€ ont déjà été engagés (études et travaux préparatoires).
Le tunnel, qui a commencé à être percé côté français (déclaration d’utilité publique publiée en 2007), doit être financé à 40 % par l’UE, à 35 % par l’Italie et à 25 % par la France. Or, la position italienne a changé depuis l’arrivée au pouvoir du parti d’extrême droite La Ligue de Matteo Salvini (plutôt favorable à l’infrastructure) et du Mouvement 5 Étoiles (M5S) de Luigi Di Maio (radicalement opposé). Après avoir fait réalisé une étude « coût-bénéfice », concluant à « une rentabilité très négative », avec des coûts supérieurs de 7 Md€ aux bénéfices escomptés d’ici 2059, l’Italie a finalement donné son accord, le 11 mars, à la poursuite des travaux, in extremis pour accéder à 300 M€ de fonds européens. En France, après avoir décrété une pause dans les grands travaux, le président Emmanuel Macron a finalement confirmé l’engagement du pays.
Selon les chiffres de la Transalpine, 1,4 million de poids lourds ont emprunté le tunnel du Mont-Blanc et du Fréjus en 2018.