Équidistant de Marseille, Le Havre et Anvers, le terminal Naviland Cargo de Gevrey, situé en Bourgogne près de Dijon, au nord de l’axe Rhône-Saône, prend de plus en plus la dimension d’un hub au service des flux ferroviaires depuis et vers les ports maritimes. La liaison la plus importante est à destination de Lyon, avec 11 trains par semaine dans chaque sens, ce qui permet de continuer vers la Méditerranée, puisque l’opérateur de transport combiné (SNCF Logistics) propose neuf allers-retours par semaine entre Lyon et Fos et cinq entre Lyon et Marseille. Gevrey est aussi relié au Havre, via le terminal francilien de Valenton, à raison d’un train par jour dans chaque sens.
« Notre carte affiche des fréquences de circulations qu’on n’a jamais connues », indique Philippe Vacelet, directeur commercial de Naviland Cargo, qui souligne que le « tapis roulant permanent » mis en place entre Lyon et Gevrey permet aux armements de repositionner leurs boîtes à tout moment.
Le terminal de Gevrey est aussi tourné vers l’Ouest, avec une rotation à destination de Rennes, ainsi que vers l’Est, à destination de Strasbourg. Cette dernière liaison, desservie depuis début décembre 2018 de façon quotidienne au départ de Gevrey, intéresse particulièrement les ports du Havre et de Marseille-Fos, pour qui la région du Rhin supérieur et l’Europe centrale dans son ensemble constituent une cible de choix pour élargir leur hinterland.
Rhin prospère
Depuis septembre 2018, Gevrey est d’ailleurs relié trois fois par semaine à Chavornay (Suisse). Quant à Strasbourg, c’est une destination privilégiée car cela ouvre aux deux plus grands ports maritimes français la route vers l’Alsace, la Suisse alémanique et le Sud de l’Allemagne.
Le Havre et Marseille comptent en effet sur le ferroviaire pour élargir leur hinterland vers le Rhin supérieur, région prospère, qui pourrait ainsi trouver dans les ports français des débouchés maritimes alternatifs aux ports du delta du Rhin, dont les terminaux souffrent de congestion. Une alternative à la navigation rhénane peut aussi être recherchée: ce fleuve, s’il offre habituellement de très bons temps de parcours, est en effet capricieux et connaît de fréquents épisodes de crues et de basses eaux.
Les ports du Nord de l’Europe conservent, cela dit, toute leur attractivité. Depuis Gevrey, ils sont d’ailleurs desservis par Naviland Cargo, via Strasbourg, à raison de huit navettes par semaine à destination d’Anvers, où les conteneurs sont ensuite consolidés sur des navettes ferroviaires à destination de Rotterdam ou Zeebrugge. La prochaine desserte de la filiale de SNCF pourrait concerner Duisbourg, pour des connexions vers la Pologne et la République tchèque, ou même pour se connecter à la « route de la soie » ferroviaire. Le terminal de Gevrey se trouvera-t-il, là encore, à la croisée des chemins?