Pour le président de l’Union maritime et portuaire du Havre, Michel Segain, c’est une question cruciale: « Le fluvial et le ferroviaire sont essentiels pour les ports de l’axe Seine, qui doivent absolument aller chercher des conteneurs jusqu’en Europe centrale. Si l’on n’agit pas pour obtenir un corridor ferroviaire, Le Havre restera un port franco-français, et sera congestionné car les postes 11 et 12 de Port 2000 vont apporter 1 000 à 1 500 camions supplémentaires par jour. Le terminal multimodal, qui fonctionne et sera intégré à ce corridor, ainsi que la modernisation de Serqueux-Gisors vont apporter de la souplesse et surtout de la fiabilité au ferroviaire, l’objectif étant d’atteindre les marchés de l’Allemagne et de l’Est de l’Europe depuis un port qui n’est pas congestionné comme le sont ceux de la mer du Nord ».
Les investissements en cours plaident dans ce sens. Au Havre, les travaux devraient commencer cet été pour les postes 11 et 12, les deux derniers de Port 2000. Depuis trois ans, les conditions d’accès direct des automoteurs ont déjà été assouplies. La chatière permettant aux navires fluviaux d’y accéder va faire l’objet d’une enquête publique en 2020.
Sur la Seine, les marchés sont en voie de signature pour la reconstruction des écluses de Méricourt: le chantier de 100 M€, dont l’achèvement est prévu pour 2024, constitue le plus gros investissement de VNF sur tout le réseau français. Mais le gros morceau, en fluvial, reste le canal Seine-Nord.
Seine-Nord en ligne de mire
La régionalisation du projet est prévue dans un article de la loi d’orientation des mobilités (LOM), actuellement en cours d’examen à l’Assemblée. Techniquement, les choses sont en place pour que les phases préparatoires s’enclenchent en 2020 sur le premier secteur, en remontant par la vallée de l’Oise au nord de Compiègne. Le dépôt du dossier d’autorisation environnementale a été déposé le 15 avril 2019, ouvrant la voie à une enquête publique qui permettra le premier coup de pioche à partir de 2022. Pour les autres sections, les travaux de préparation devraient débuter en 2022 et le chantier d’infrastructures en 2024. L’ouverture à la navigation est, à ce jour, programmée pour 2028 si elle n’est pas une nouvelle fois repoussée. Car la question du financement n’est pas totalement résolue mais l’on sait que les péages ne seront pas suffisants pour rembourser l’emprunt de 700 M€ qui doit être contracté par la Société du canal Seine-Nord et, du fait de la régionalisation, garanti par la région des Hauts-de-France.
Des travaux annexes doivent aussi être menés, comme la mise à grand gabarit de l’Oise, qui permet la liaison entre la Seine et le nouveau canal. Ou encore l’accès à grand gabarit jusqu’à Nogent-sur-Seine, aux portes de la Champagne, qui fera l’objet d’une enquête publique en 2020. L’accès à ce port céréalier, le plus en amont du bassin, aux bateaux de 2 500 t renforcera l’axe Seine sur le secteur céréalier, qui est aussi le plus en pointe pour profiter du futur canal Seine-Nord, dont les premiers marchés devraient être ceux du vrac, céréales et granulats au premier chef, avant de concerner les conteneurs.