Des huiles de friture dans le moteur. Des armateurs ont pris cette option très au sérieux et se sont aventurés sur le terrain des carburants issus d’huiles usagées ou de grumes forestières. Ces biocarburants, dits de deuxième génération, présentent un bilan environnemental avantageux 80 à 90 % d’émissions de CO2 en moins par rapport aux équivalents fossiles et élimination des émissions d’oxyde de soufre (SOx), sans nécessiter d’aménagements sur les moteurs, soutient le fournisseur néerlandais de biocarburants marins GoodFuels Marine, à l’origine du programme Good shipping, plateforme de R&D dans les biocarburants marins.
L’armateur islandais de porte-conteneurs feeders Samskip fut le premier à tenter une expérimentation en embarquant 22 000 l de carburant issu d’huiles de friture recyclées à bord de son Endeavour de 800 EVP. Plusieurs projets de démonstrateurs ont depuis vu le jour ou sont en projet.
En mars dernier, CMA CGM, avec Ikea Transport &Logistics Services, annonçait un avitaillement en biocarburants marins d’un de ses navires en vue de « tester et dimensionner leur évolutivité, durabilité et conformité technique ».
Le leader mondial du transport maritime de conteneurs Maersk a également annoncé, quelques jours à peine après CMA CGM, un projet pilote. Un de ses porte-conteneurs triple-E sera alimenté jusqu’à 20 % de sa consommation avec un biocarburant de deuxième génération entre Rotterdam à Shanghai. « L’économie de CO2 de ce seul trajet permettra d’économiser 1,5 million de kg de CO2 et 20 000 kg de soufre », assure le groupe.
D’après GoodFuels Marine, il reste pourtant beaucoup à faire. L’adoption de ce type de combustible pose deux problèmes: leur coût (ils doivent encore passer à la production industrielle) et les appréhensions liées aux biodiesels de première génération qui ont endommagé les moteurs.
Évangéliser le marché ne sera pas une mince affaire. Pour autant, un rapport commandé pour le compte de l’ONG Sustainable Shipping Initiative, réalisé par le Lloyd’s Register et University Maritime Advisory Services, soutenait que les biocarburants représentaient l’alternative à zéro émission la plus économiquement viable dans le transport maritime. Selon les scénarios projetés dans l’étude, les coûts sont jugés « dans le domaine de l’acceptable ».