Quelle direction allez-vous donner à court terme?
Baptiste Maurand: L’actuel plan stratégique s’achève. La situation financière du port est saine et la marge brute d’autofinancement est même au-delà de nos prévisions, ce qui nous permet de réinvestir à court terme. Toute la philosophie de ce projet stratégique était de se dire qu’inexorablement, nous ne pouvions plus nous contenter des recettes issues du vrac liquide pour asseoir notre solidité financière. Un rééquilibrage, notamment entre les recettes navires et domaniales, a donc été engagé depuis cinq ans. Nous allons poursuivre dans cette voie. La logistique est un autre volet du plan. Depuis cinq ans, on inaugure en moyenne 80 000 m2 de nouveaux entrepôts par an sur le domaine portuaire. Désormais, on travaille sur le prochain grand projet qui sera celui de l’axe Seine. La transition énergétique et le smart port seront des thématiques fortes.
Quelles sont les cibles en termes de trafics, en dehors du conteneur?
B.M.: La vocation du Havre est généraliste. Ce positionnement est une force pour beaucoup de filières et pour l’axe Seine. Nous voulons développer d’autres trafics. Il y a par exemple le terminal multivrac, qui n’était plus en activité, et sur lequel on veut à la fois attirer de nouveaux volumes et en consolider certains. Nous allons lancer un appel d’offres pour son exploitation. Le multivrac peut intéresser beaucoup d’acteurs et il existe un vrai potentiel. Il nous faut aussi évoluer progressivement vers d’autres flux liquides, le GNL notamment. L’avitaillement pour les grands porte-conteneurs est une question cruciale à court terme. Il y a aussi les projets industriels. L’éolien et le segment des colis lourds prouvent qu’il y a des marchés en essor. Le Grand Port maritime du Havre a investi 66 M€ en faveur de la filière éolienne. Au regard du loyer de Siemens Gamesa, le port retrouvera son investissement à l’issue de la convention d’occupation temporaire. Le plan de financement et la convention d’occupation temporaire doivent être finalisés en juillet. Depuis l’été dernier, le dossier avance bien (outre l’aménagement du terrain pour l’usine de l’industriel, le port doit procéder au renforcement des quais qui accueilleront des colis lourds et des fonds marins qui recevront les jacket vessels, NDLR).
Quelle sera « votre » politique commerciale?
B.M.: La stratégie commerciale est influencée par la confiance de ses clients, laquelle repose sur un principe – dire ce qu’on fait et faire ce qu’on dit – et le partenariat de façon à nous intégrer dans leur schéma de production. Un plan d’investissement est aussi un signal fort. Pour moi un port, au-delà des infrastructures, ce sont des services et ils sont un axe fort de notre politique de développement. La compétition portuaire se fait de plus en plus sur ces notions et l’innovation fera la différence. Le dialogue avec les différents acteurs de la place portuaire est une autre de mes préoccupations. Ma méthode est la consultation. Nous l’avons fait pour le plan d’investissement. Il faut le faire sur d’autres dossiers. C’est indispensable pour une meilleure cohésion.