« Pour rendre un projet d’éolien flottant assurable, il faut démontrer que la technologie est fiable, en détaillant la nature des flotteurs et des turbines, et les composants de l’installation », décrypte Laurent Vatey, chargé de clientèle à Bessé Industrie &Services. « En l’absence d’historique sur ce marché, il faut impliquer les courtiers très en amont pour établir des tarifs de primes et construire un dossier d’évaluation. C’est la meilleure façon de garantir une couverture adéquate », explique-t-il devant un parterre de professionnels internationaux. Les assurances doivent aussi intégrer le risque humain. « La sécurité des hommes est un vrai sujet sur les installations offshore. Des exercices de sauvetage doivent être prévus, explique Thomas Soulard, ingénieur à SEM-REV, site d’essais de Centrale Nantes. En effet, comment fait-on si un technicien se casse à une jambe, à 20 m au-dessus des flots, à 20 km des côtes? »
Sur le plan du financement, « Si les risques sont bien évalués et la structure financière correctement élaborée, entre cinq et dix banques commerciales sont désormais prêtes à accepter les dossiers », commente Clément Weber, fondateur de Green Giraffe, société de conseil dans les énergies renouvelables.
Les investisseurs restent attentifs, martèle Anissa El Khettar, directrice des énergies renouvelables à BNP Paribas. Ils scrutent notamment « la hauteur des turbines, la technologie, la taille et le poids des flotteurs, le stress matériel, la stabilité des installations face aux aléas météo. On attend du fabricant de turbines qu’il prenne un risque partiel financier sur le système de flotteur ». La durée de vie et la performance des installations dans le temps pose également question. « Il faudra intégrer d’éventuelles pertes de disponibilités, dues à des problèmes d’amarrage, par des structures de financement tampon, ajoute Anissa El Khettar. Le déploiement de l’éolien en mer a mobilisé 25,7 Md$ en 2018, en croissance de 14 % par rapport à 2017, selon un rapport de Bloomberg New Energy Finance.